Le Syndicat National de l’Edition Phonographique (SNEP) publie depuis longtemps en partenariat avec l’IFOP un classement des meilleurs ventes d’albums et singles CD, et depuis 2005 un classement parallèle des meilleures ventes en téléchargement. Il n’existe pas encore de classement combiné, qui permet de voir tous supports confondus quels sont les artistes et les maisons de disques qui vendent le plus. Le SNEP veut mettre fin à cette anomalie, mais sans mettre lui-même la main à la poche. Ou en tout cas, pas tout seul.

Nos confrères de PC Inpact indiquent ainsi que le SNEP a lancé un appel à candidature qui expire le 8 février, pour trouver des partenaires qui souhaiteraient associer leur marque à la publication d’un top des ventes combiné, et bénéficier en plus d’une exclusivité de publication pendant quelques jours. « L’idée est bien d’avoir une exposition du classement sur le mobile et/ou sur internet de manière à proposer en exclusivité – et contre financement- par exemple du mardi soir au jeudi soir, ces tops. L’idée est aussi d’associer très probablement la possibilité de télécharger ces titres, après accords avec les maisons de disques« , explique Hervé Rony, le directeur du Snep.

« Contrairement à ce qui se passe en Angleterre ou en Allemagne, le top est actuellement financé en France que par les producteurs de disques. Ce qu’on voudrait, c’est un cofinancement du coût, quitte à partager les corecettes issues des sponsors par exemple : un cofinancement par les magasins, l’industrie du disque et les distributeurs digitaux. C’est l’idée qui est derrière cela : que chacun paye un peu, tout en ayant réduit les coûts IFOP« .

L’idée, qui n’est pas nouvelle, est que la publication des tops des ventes est commercialement stratégique, puisqu’ils encouragent l’achat par les consommateurs qui se sent rassurés dans leur consommation par le fait qu’ils achètent la même chose que les autres. L’homme est un animal grégaire et chercher des œuvres qui ne sont pas populaires n’est pas un comportement naturel et confortable dans la société. Le top 50 est l’assurance d’avoir un sujet de conversation et de connaissance commune à la machine à café. C’est un ciment social du plus grand nombre, qui a parfaitement fonctionné au 20ème siècle grâce au terreau médiatique que nous avons récemment analysé.

Mais dans l’univers numérique, le ciment social doit-il vraiment être le même qu’au 20ème siècle ? Faut-il investir dans la publication d’un top des ventes à l’échelle nationale lorsque les réseaux sociaux comme Last.fm remplacent la machine à café ? Chaque communauté en ligne a un top 50 qui lui est propre. Il n’y a plus rien d’angoissant ou de frustrant à être amateur de métal polonais ou de punk argentin lorsque vous trouverez des dizaines d’internautes avec lesquels partager cette passion, chose plus difficile dans un village de 5000 habitants ou même une ville de 2 millions… Dans ce contexte-là, qui s’accroît chaque année, la publication d’un grand top musical national n’a plus tellement d’intérêt. Le star system est mort.

La création d’un top des ventes multisupports est une nécessité d’étude marketing, mais elle n’est certainement pas la « marque de la volonté des producteurs de disques de s’inscrire dans la mutation actuellement en cours dans le secteur musical« , comme le prétend Hervé Rony. Ou alors, le SNEP n’a toujours pas compris ce qu’était cette mutation…

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