Dans un rapport publié ce mardi, le Sénat propose que l'Etat se substitue au secteur privé, et crée lui-même une plateforme de distribution de jeux dématérialisés pour soutenir les éditeurs de jeux "made in France".

Le Sénat a publié ce mardi le rapport (.pdf) préparé par les sénateurs André Gattolin (EELV), au nom de la commission de la Culture, et Bruno Retailleau (UMP), au nom de la commission des affaires économiques, sur la place de l'industrie du jeu vidéo en France. La première proposition du rapport, avant celle de taxer les boîtes de jeux vidéo, consiste à demander la mise en place d'une "plateforme de valorisation et de distribution de la production française", qui puisse faire concurrence aux Steam, Origin, Impulse, Games For Windows et autres Direct2Drive.

"Afin de rendre l'offre de produits français plus visible, il pourrait être opportun de mettre en place une plateforme nationale, appuyée par les pouvoirs publics et ouverte à tous les jeux produits sur le territoire pour tous les types de publics", expliquent les sénateurs. "Cette plateforme, véritable outil de soutien au développement de la production française, aurait pour objectif à la fois de faire connaître et de distribuer les jeux mais surtout d'assurer aux consommateurs la qualité de la production proposée grâce à une sélection exigeante et originale".

Le projet des sénateurs vise à soutenir en particulier les développeurs indépendants, noyés sous les titres AAA des grands éditeurs américains et du très puissant Ubisoft, en leur offrant un espace où leurs jeux seraient mis en avant. La plateforme vise à accueillir "des jeux originaux, diversifiés et innovants", y compris ceux développés par des concepteurs dépourvus d'éditeurs.

Pour séduire les créateurs de jeux vidéo, les sénateurs proposent en outre un avantage monétaire. Plutôt que de prélever 30 % de commission, qui serait la moyenne des plateformes de distribution dominantes, la plateforme made in France se contenterait "de 5 à 10 %" de commission. Elle pourrait aussi varier en fonction de certains objectifs, et payer davantage, par exemple, lorsque l'éditeur a fait l'effort de proposer plusieurs langues, ou lorsqu'il s'est fait connaître la presse.

Enfin, pour éviter la paupérisation des éditeurs de jeux vidéo, les deux sénateurs suggèrent que la plateformes imposent un prix de vente minimum de 1 euro.

Mais une telle plateforme, si tant est qu'elle soit utile (et le cas échéant, pourquoi l'Etat devrait-il se substituer aux acteurs privés ?), n'a bien sûr aucune chance de voir le jour. Elle rappelle d'ailleurs une initiative restée sans lendemain, fixée dans la loi DADVSI. Les parlementaires demandaient à l'Etat de préparer un rapport visant à créer une "plate-forme publique de téléchargement permettant à tout créateur vivant, qui se trouve absent de l'offre commerciale en ligne, de mettre ses œuvres ou ses interprétations à la disposition du public et d'en obtenir une juste rémunération". Le rapport n'a jamais vu le jour.

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