Les pirates le savent bien, les DVDscreeners sont ce qu’ils peuvent trouver de mieux sur les réseaux Peer-to-Peer. Ces vidéos sont des copies de très bonne qualité des films actuellement diffusés dans les salles de cinéma. La MPAA, qui réprésente l’essentiel de l’industrie du cinéma, a cependant décidé la semaine dernière de bannir les DVDscreeners envoyés aux critiques, parce qu’ils sont responsables de 80% du piratage. Les premières victimes pourraient-être les quasi-indépendants qui produisent « les films d’auteur ».

Jack Valenti a sans doute pris une des décisions les plus contestées de sa carrière en interdisant aux studios d’envoyer des screeners, notamment vers la très importante cérémonie des Oscars. 142 réalisateurs parmi lesquels figurent Robert Altman, Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Sydney Pollack, Atom Egoyan, Spike Jonze, Pedro Almodovar ou encore Robert Redford ont écrit au président de la MPAA (Motion Picture Association of America) pour lui demander de renoncer à cette décision qui pourrait avoir pour effet un apauvrissement de la qualité des productions. En effet, les screeners permettent aux 5600 personnes qui votent pour les Oscars de visualiser les films avant de voter pour eux. Sans screeners, les critiques doivent voir les films d’eux même dans les salles de cinéma, ce qui limite d’autant les chances que quelqu’un vote pour un petit film qui prend des risques.

Les Oscars sont l’une des meilleures chances pour ces films intimistes de sortir de l’ombre pour se révéler au public et gagner suffisamment d’entrées pour se rentabiliser et financer de nouvelles productions. Les rares studios entièrement indépendants n’ont rien à craindre de cette décision puisqu’ils ne sont pas liés aux avis de la MPAA, qui réunit les majors de l’industrie cinématographique. Mais bien plus nombreux sont les studios dits « indépendants » qui sont en fait de petites filiales des majors. Ceux-là doivent respecter la décision de Valenti, et n’ont donc presque plus aucune chance de gagner quoi que ce soit aux Oscars, dont la portée est pourtant internationale. Les productions « indépendantes » risquent donc de souffrir en premier lieu de la disparition des screeners.

Dès lors se pose la question très délicate des rapports entre l’art et le piratage. Certains prétendent que le piratage renforce l’art puisqu’il permet de le diffuser beaucoup largement. D’autres au contraire que le piratage annihile l’art puisqu’il empêche les artistes d’être rémunérés de leurs œuvres. La vérité se situe sans doute entre les deux propositions, mais la MPAA a elle choisit son camp, malgré les 152 signatures de renom qui lui ont été soumises : « la politique sur les screeners reste telle qu’elle a été initialement annoncée« .

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