Le directeur du FBI, Christopher Wray, estime que le chiffrement des smartphones représente un « énorme problème » pour les enquêtes de l’agence. Les données de plus de 6 900 appareils étudiés par le FBI en 11 mois lui sont ainsi restées inaccessibles.

On le sait depuis le bras de fer qui a opposé Apple et le FBI après la tuerie de San Bernardino survenue fin 2015 : le chiffrement des smartphones est loin d’être du goût de l’agence de renseignement américaine. Et la situation a visiblement empiré ces derniers mois, à en juger par les déclarations de Christopher Wray.

Ce week-end, le directeur du FBI a en effet profité de son intervention devant l’Association internationale des responsables des forces de l’ordre pour ériger cette protection des données personnelles en véritable obstacle au travail de l’agence. À l’en croire, le FBI s’est ainsi retrouvé dans l’impossibilité d’obtenir les données de plus de 6 900 smartphones. Soit plus de la moitié des appareils ciblés par ses enquêteurs sur 11 mois.

Christopher Wray a ainsi déploré : « C’est un euphémisme, mais c’est un énorme, énorme problème. [Le chiffrement] se ressent sur tout type d’enquête — drogue, trafic d’êtres humains, anti-terrorisme, groupes criminels, crime organisé, abus sur les enfants... »

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« Un équilibre à trouver »

Pour autant, celui qui a succédé à James Comey à la tête du FBI après son limogeage par Donald Trump reste conscient que la protection des données personnelles de chacun reste une nécessité : « Je le sais, il y a un équilibre à trouver entre le chiffrement et l’importance de nous offrir les outils nécessaires pour assurer la sécurité [de nos citoyens]. » Une tâche difficile sans instaurer de backdoors — des portes dérobées qui remettraient en question la sécurité globale du chiffrement.

En Europe, plusieurs responsables politiques ont exprimé la même position délicate d’équilibriste au sujet du chiffrement de bout en bout en vigueur sur des applis de messagerie sécurisée comme WhatsApp. La ministre britannique de l’intérieur Amber Rudd ou encore le président français Emmanuel Macron ont notamment démontré leur méconnaissance du sujet.

Si le chiffrement des données est intégré de base à certains smartphones — comme l’iPhone , empêchant jusqu’à Apple d’accéder à ces informations –, il peut aussi être effectué grâce à des outils externes sur les appareils qui n’en sont pas dotés.

Le déverrouillage de l’iPhone 5C lié à San Bernardino ne sera jamais totalement élucidé

En 2016, dans le cadre de son enquête sur la tuerie de San Bernardino, le FBI a tenté d’obliger Apple à déverrouiller l’iPhone 5C de l’un des tueurs pour accéder aux données chiffrées de son appareil. Une demande refusée par la firme à la pomme, ce qui a amené le FBI à faire appel à un tiers pour atteindre son but — sans que l’on en sache plus sur les détails de ce déverrouillage.

Pour Alan Woodward, professeur à l’université de Surrey et spécialiste en cybersécurité cité par la BBC, le directeur du FBI ne fait que déplorer un état de fait : « Le chiffrement qui contrarie les enquêtes est désormais une réalité concrète pour les forces de l’ordre. »

Source : Numerama

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