On nous explique également qu’une coordination internationale est impossible. Je dis qu’elle est non seulement possible mais qu’elle sera indispensable dans les années à venir. Sur le plan technologique, elle existe déjà, notamment en ce qui concerne les infrastructures ou les protocoles d’attribution des noms de domaines et leur gestion internationale sur le réseau. Elle existe déjà également, faut-il le rappeler, dans le cadre des réseaux bancaires internationaux qui fonctionnent très bien (Paypal, virement étrangers, réseaux Mastercard et Visa etc.)
Il s’agit donc aujourd’hui de combattre par le dialogue la position répressive inutile des industries culturelles issue d’une méconnaissance de ce média en lui démontrant simplement que le Peer to Peer, par exemple, est lié au principe même de l’Internet et qu’il ne pourra jamais être stoppé. L’imagination des internautes est sans limites et les exemples récents des cas StationRipper ou P2PMail par exemple, prouvent que de nouveaux usages légaux de partage de fichiers peuvent encore apparaître tous les jours rendant l’attitude répressive intenable. Il faut alerter les pouvoirs publics en leur expliquant par exemple, que la justice risque de se décrédibiliser en pénalisant des pratiques qui seront demain, courantes et autorisées. Et qu’il est dangereux de renforcer ainsi l’idée que ce qui est illégal, c’est cool ! Et que ce qui est répressif, c’est ringard !
Il s’agit également d’utiliser intelligemment le Peer-to-Peer, d’adopter individuellement une attitude responsable en prenant conscience qu’il détruit actuellement de l’emploi. Continuer à acheter des produits culturels dans l’attente d’une solution économique satisfaisante pour tout le monde, en distinguant les produits sincères par exemple, des produits du marketing, soutenant ainsi la production des artistes sincères. Personnellement j’ai désinstallé les systèmes Peer-to-Peer lorsque j’ai constaté simplement que les sociétés qui les exploitaient ne faisaient strictement rien pour les artistes. Elles ne font que vendre du bandeau pub, planqués qu’elles sont dans des paradis fiscaux/Juridique. Les sociétés qui exploitent actuellement les services P2P sont pires que les majors du disque et ça, j’aimerai qu’on le dise clairement au moins une fois sur les sites qui soutiennent ces services de manière aveugle. Les majors financent la production, les attachés de presses, les clips, les objets dérivés, les P2P ne financent strictement rien d’autre que le portefeuille de leurs actionnaires.
Et puis il faut aujourd’hui imaginer l’Internet de demain, proposer des idées constructives aux décideurs, afin de trouver des solutions alternatives de financement des contenus qui créeront nos emplois de demain, nous les passionnés. L’ONU, par exemple, va travailler sur ces questions en Novembre 2005 à Tunis et peut financer directement des projets. En France la FING< (fondation internet nouvelle generation) ou l'ACSEL> (Association pour le Commerce et les Services en Ligne) travaillent également sur ces questions.
L’ACSEL qui, le 18 février 2004 dans les Echos, publiait déjà un article intitulé » L’ACSEL milite pour un Internet + « . L’Internet + étant défini par l’ACSEL ici en ces termes : Forts de l’ancrage des systèmes kiosque et des habitudes de consommation, les acteurs du marché doivent s’entendre pour susciter le développement d’un système de kiosque Internet » Internet + « , offrant ainsi une infrastructure de paiement élargie pour les petits montants.
En clair, il s’agit d’un système de type MINITEL…
Un autre article qui conforte ce point de vu est celui d’Olivier Bomsel, professeur et chercheur au Centre d’économie industrielle de l’Ecole des Mines (CERNA) qui explique dans le Journal du Net résumant son rapport publié en décembre 2004 intitulé Enjeux économiques de la distribution des contenus : « 50% du consentement à payer (pour le haut débit) provient de l’accès gratuit aux contenus. Cette approche introduit de l’économie là où il n’y avait que du droit. Aux Etats-Unis, la RIAA essaie d’agir sur l’utilité du gratuit. Notre position est que cette approche est un leurre, car on ne pourra jamais augmenter suffisamment la désutilité du gratuit. L’argumentaire économique est plus puissant que l’argument juridique ou moral.(…) Le FAI pourrait par exemple faire plusieurs offres tarifaires pour le trafic montant, selon qu’il est suspecté ou non de contenir des contenus copyrightés.(…) il faudrait accepter de passer sur un serveur « inspectable »(…) Le relèvement du prix réel de l’accès donnerait une chance au téléchargement payant, les investissements dans la production et la mise en marché des contenus seraient mieux rémunérés, donc cela permettrait une meilleure diversité des contenus. »
Philippe Axel
Musicien du web, ancien commercial de produits culturels, directeur d’antenne d’une station FM, spécialiste des communautés virtuelles et des jeux-vidéo, lauréat du concours des jeunes créateurs au MILIA 98,… Voir son site personnel : http://www.philaxel.com
(Note de la rédaction : Si vous souhaitez publier vos propres réflexions dans les colonnes de Ratiatum, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse suivante : )
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