Grammalecte est un module complémentaire pour Firefox qui intervient en tant que correcteur grammatical. Open source, il a été financé par les internautes.

C’est ainsi. Vous avez beau vous lire, vous relire et vous re-relire, il y aura toujours une faute ou une coquille qui échappera à votre attention malgré toute la concentration que vous allez accorder à cet exercice. Évidemment, pour le lecteur qui consulte votre prose, c’est une source de contrariété évidente, surtout s’il se montre très sensible au respect de la langue française.

Comment lui en vouloir ? Habitué au respect de la grammaire, de la conjugaison et de l’orthographe, il trébuche lorsqu’il voit un mot écrit d’une manière qui ne correspond pas à ce qu’il sait. Cela dit, c’est avec indulgence qu’il devrait se manifester auprès de l’auteur, s’il le peut. D’abord, parce que lui-même n’est pas à l’abri de faire une erreur. Ensuite, parce que des mécanismes psychologiques sont en jeu.

C’est le phénomène de la généralisation. Questionné à ce sujet par Wired, le psychologue Tom Stafford, de l’université de Sheffield, expliquait il y a deux ans que « lorsque vous êtes en train d’écrire, vous essayez de transmettre du sens. C’est une tâche de très haut niveau. Nous ne prêtons pas attention à tous les détails, nous ne sommes pas des ordinateurs ou des bases de données de la NSA ».

Et Wired d’ajouter : « Quand nous relisons notre propre travail, nous savons le sens que nous voulons transmettre. Parce que nous nous attendons à ce que le sens soit là où il doit être, il est plus facile pour nous de manquer tout ou partie des portions qui manquent. La raison pour laquelle nous ne voyons pas nos propres coquilles est que ce que l’on voit à l’écran rivalise avec la version qui existe dans nos têtes ».

Deux versions rivalisent : celle dans notre tête et celle à l’écrit

Les lecteurs, eux, n’ont pas ce problème. Ils découvrent le texte pour la première fois et ne sont donc pas soumis à cette rivalité entre le texte qu’ils ont dans la tête et le texte qui est affiché à l’écran. C’est pour cela que l’on repère plus facilement les fautes et les coquilles des autres que les siennes. Mais pour autant, cela ne doit pas servir d’excuse pour ne pas limiter la casse et chercher à s’améliorer.

Grammalecte

Pour cela, un petit module complémentaire pour Firefox pourrait s’avérer fort utile. Baptisé Grammalecte, il s’agit d’un correcteur grammatical dédié à la langue française contenant quatre dictionnaires orthographiques, un conjugueur (contenant environ 8000 verbes), un formateur de texte (pour corriger automatiquement les erreurs typographiques) et même un lexicographe.

Grammalecte

Firefox + Grammalecte + open source

Open source et financé sur Ulule par les internautes à hauteur d’un peu plus de 18 000 euros (le concepteur demandait 15 000 euros), soit 125 %, Grammalecte est pour l’instant proposé en version 0.5.4 avec au menu le retrait de nombreux faux positifs, la mise à l’écart de certains éléments spécifiques (hashtags, hyperliens, sigles), l’ajout d’un sélecteur de dictionnaires et la mise à jour des mots pris en compte.

« Grammalecte pour Firefox peut et doit signaler les mêmes erreurs que la version pour LibreOffice. Les tests de qualité confirment ce point, mais ces tests ne sont pas encore complets. Il est donc possible qu’il y ait encore quelques divergences de comportement entre les deux correcteurs », explique Olivier, l’auteur du projet. Mais, prévient-il, « il reste sans doute encore pas mal de rugosités à polir ».

Grammelecte test

Les analyses de Grammalecte.

À l’usage, Grammalecte est extrêmement  facile à prendre en main. Il suffit par exemple de surligner un mot, une phrase ou un paragraphe, d’effectuer un clic droit avec la souris et de choisir la vérification souhaitée. Pour l’heure, la correction se fait dans un panneau annexe, mais Olivier assure que c’est une solution temporaire. À terme, il est question de souligner directement dans les zones de texte les erreurs qui seront repérées.

Olivier envisage par ailleurs de porter Grammalecte sur Thunderbird, afin d’accompagner les usagers lorsqu’ils rédigent leur courrier électronique. Cela dit, rien n’est prévu à très court terme — la programmation n’a pas débuté — et, dans la mesure où le client mail a le cul entre deux chaises, abandonné par Mozilla, ce sera loin d’être une partie de plaisir, ne serait-ce que pour l’interface.

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