Il est de plus en plus évident que les consommateurs de demain ne paieront plus pour des morceaux de musique enregistrés en studio. Pour les internautes, la gratuité de la musique est presque devenu un droit acquis. Pire, certains artistes sont même prêts à payer pour se faire écouter et voir leurs oeuvres distribuées gratuitement ! Le monde à l’envers ? Peut-être pas…

Ouvert discrètement il y a moins d’un mois, 15 Megs Of Fame est techniquement l’un des meilleurs sites de distribution de musique libre existants. Avec un player en flash directement intégré à l’interface de navigation, le site permet d’écouter très facilement les différents artistes et de télécharger les morceaux en un seul clic. L’ensemble des titres sont distribués sous une licence Creative Commons de type by-nc-nd, qui autorise donc le partage des MP3 sur les réseaux P2P, et leur utilisation tant qu’elle n’est pas commerciale et tant que l’œuvre n’est pas modifiée.

Mais le site, dont le nom se traduirait en « 15 Mega de gloire », vise surtout à aider les artistes à se faire connaître. Il joue pour cela sur une interaction poussée entre le public et les créateurs qui disposent gratuitement d’un espace de 15 Mo pour déposer leurs œuvres. Les visiteurs peuvent écouter les titres et les noter à la volée, tandis que les artistes communiquent avec leur public par l’intermédiaire d’un blog intégré et des commentaires laissés par les internautes.

Encore en phase de test, 15 Megs Of Fame proposera bientôt aux artistes de bénéficier d’un compte « pro », et ainsi de payer pour diffuser leurs œuvres gratuitement ! « Le paiement permet [aux artistes] d’avoir un espace de stockage étendu pour leurs MP3, d’accéder à leur propre Artist Blog, à leur propre Show Calendar (un calendrier pour annoncer ses concerts, ndlr), et leur donne la possibilité d’être mis en avant sur notre page d’accueil s’ils sont suffisamment bien classés« , explique à Ratiatum Jeffrey Kalmikoff, le responsable créatif de la société skinnyCorp à l’origine du projet.

Le site doit servir de tremplin aux artistes qui souhaitent faire une carrière professionnelle sans se reposer sur le cartel des maisons de disques. « Il y a tellement de voies pour distribuer de la musique de nos jours qui ne plongent pas les groupes dans un endettement à vie« , explique Kalminoff. Le créateur du site (qui tient à rappeler qu’il fait avant tout partie d’une équipe) fait allusion aux contrats imposés par les majors qui obligent la plupart du temps les artistes à avancer l’argent nécessaire à l’enregistrement, et à enchaîner les albums pour rembourser, avec leurs peu de royalties, les frais engagés pour le disque précédent.

Pourquoi payer pour diffuser ses œuvres gratuitement ? « En général le public paye pour avoir les disques de l’artiste, donc l’artiste a son argent en retour« , estime Kalmikoff. Chaque artiste a la possibilité de donner un lien vers son site officiel, depuis lequel il peut vendre ses CD aux amateurs. Mais peut-être que finalement, l’ère de la musique enregistrée payante ne serait qu’une parenthèse dans l’histoire du métier de musicien. Il n’y a après tout qu’un siècle que la musique se vend sur un support, alors qu’elle n’était jadis que vivante et faite pour être entendue de l’instrument même de l’artiste. L’Internet force sans doute un retour précipité vers cette ère de l’artisanat. Mais Jeffrey Kalmikoff s’en défend. « Nous n’avons pas commencé 15 Megs pour pertuber l’industrie du disque ou quoi que ce soit de ce genre« , nous assure t-il. « L’unique raison pour laquelle nous avons fait ceci est que nous aimons la musique, et nous voulons donner à davantage d’artistes la chance non seulement de se faire connaître eux-mêmes en ligne, mais aussi d’être capable de mesurer la réponse du public à travers notre système de notation« .

Avec une ouverture officielle prévue la deuxième semaine de décembre, 15 Megs Of Fame compte déjà plus de 600 artistes, et reçoit entre 50 et 75 nouvelles chansons par jours.

A voir en ligne :

http://www.15megsoffame.com/

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