33,5 $ ; c’est la somme qu’aurait prévu de verser Nokia à Universal pour chacun de ses mobiles « Comes With Music » vendus, si on croit du moins les dires de Paidcontent. Nokia Comes With Music relance plus que jamais la question d’une licence globale. Au delà de l’aspect économique, elle apporte un nouvel argument à ceux qui la soutiennent. Si l’Etat continue de snober comme il l’a fait jusque là la licence globale, ce sont les majors qui en proposeront des ersatz, et pas forcément de manière avantageuse pour le consommateur.
L’idée de licence globale repose sur un modèle que l’on peut rapprocher de la manière dont fonctionne la radiodiffusion. Les diffuseurs paient un forfait à la Sacem pour émettre ; la Sacem redistribue cet argent aux labels, en proportion du nombre de fois où l’artiste a été playlisté. Sur Internet, une licence globale consisterait donc à faire payer les services ou fournisseurs d’accès un même genre de forfait. Les abonnés paieraient plus cher leur abonnement, mais pourraient en contrepartie télécharger tout ce qu’ils veulent.
Même si on peut mettre en doute dans un tel modèle la possibilité de trouver une façon équitable de redistribuer l’argent, celui-ci possède des avantages indéniables, notamment celui de mettre un terme au problème du piratage puisque toute la musique serait téléchargeable gratuitement. Le problème, c’est que ce système dérange les majors, car elles perdraient là dedans tout le contrôle qu’elles exercent habituellement sur les canaux de diffusion.
Mais les majors ont bien fait leur travail de lobbying. Pour preuve, notre chère ministre de la culture qui se borne à dire que la licence globale serait inappliquable. Trop d’obstacles juridiques et techniques selon elle. Pourtant, les majors ne sont pas si réticentes à l’idée que ça. Simplement, elles veulent une licence globale à leur manière, et c’est justement ce que compte faire Universal avec Nokia Comes With Music.
Le principe de Nokia Comes With Music est de proposer aux consommateurs un portable qui offrirait un accès complet et gratuit à l’entier catalogue d’Universal, pendant un an. Nokia y trouve son compte car, en plus d’apporter une plus-value à son mobile, oblige le consommateur a en acheter un nouveau tous les ans. Universal y trouve le sien car c’est comme s’il vendait un abonnement pour une plateforme de téléchargement qui lui serait exclusivement dédiée.
Imaginez si ce modèle venait à se généraliser. Universal représente 26 % des ventes de musique dans le monde. Admettons que les autres majors et indépendants demandent un même forfait aux fabricants de mobile correspondant plus ou moins à leur part du marché, on arriverait à un prix de vente de l’ordre de 130 € par an. En somme, une licence globale d’environ 10 € par mois.
Nokia Comes With Music pose aussi la question de la rémunération pour copie privée. Maintenant qu’elle est applicable aux téléphones mobiles, on se demande quelle justification trouve-t-elle encore dans le modèle du finlandais. Les morceaux de Nokia Comes With Music seront sous DRM. Ca se comprend, puisqu’ils sont gratuits. En revanche Nokia compte faire payer un droit pour copier les morceaux. Or, ce droit est déjà couvert par l’exception pour copie privée, et on paie déjà une taxe pour pouvoir en profiter.
Nokia Comes With Music suscite de nombreuses interrogations sur le futur de la consommation musicale. Le gouvernement refuse toujours d’entendre parler de licence globale. Et pourtant, c’est vers ce modèle qu’Universal veut se diriger : le plan Total Music. Si aucune régulation n’est faite en la matière, alors ce seront les plus forts qui dicteront les règles du jeux. Les indépendants fragilisés. Les consommateurs abusés.
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