Les chiffres sont éloquents. Selon les dernières données de la British Phonographic Industry (BPI), l’association britannique des maisons de disques, 90 % des ventes de singles outre-Manche se font sous forme numérique. Mais les téléchargements ne comptent en revanche que pour 3,5 % des ventes d’albums. Le marché des singles s’est donc parfaitement adapté à l’ère numérique, à un rythme d’ailleurs impressionnant, tandis que les albums ont encore énormément de peine à se dématérialiser.
Deux raisons possibles à cela. La première, c’est que le numérique est par essence mieux adapté à la consommation sélective titre par titre. Vous ne pouvez pas aller à la Fnac découper un CD en rondelles pour en retenir que les meilleurs morceaux, alors que dans l’univers numérique où chaque piste est un MP3 distinct, tout est possible. La deuxième raison, liée à la première, c’est que les maisons de disques et les disquaires en ligne ont très (trop ?) vite profité de cette flexibilité offerte par le numérique, en négligeant l’impact global sur les albums. S’il est possible de se faire un album à la carte en ne choisissant que les meilleurs morceaux, pourquoi dépenser plus pour acheter tout l’album ? Rares sont les albums où la cohérence artistique d’ensemble est mise en avant. Les albums sont davantage marketés comme une compilation de nouveaux singles que comme une œuvre homogène à part entière. Et ça ne semble pas vouloir changer.
Pourtant comme le note l’analyste Mark Mulligan de Jupiter Research, « ça n’est pas dans l’intérêt des maisons de disques de revenir au marché dominé par les singles, typique des années 1950« .
Pour répondre à la crise de l’album, les maisons de disques et les disquaires tentent d’apporter uniquement des réponses économiques. C’est le cas par exemple d’EMI qui augmente de 30 % le prix des singles sans DRM sur iTunes, mais laisse le prix de l’album inchangé. Il devient alors plus rapidement intéressant d’acheter tout l’album que de sélectionner titre par titre. C’est aussi Apple qui brise son clonage des prix pour proposer finalement une sélection d’albums à prix cassés sur iTunes.
Mais est-ce suffisant ?
Quel est, selon vous, l’avenir du format album dans les prochaines années, et le format qui devra se développer ?
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