Sur les traces de l’expédition perdue vous ayant précédé, vous bravez les dangers de la jungle amazonienne dans l’espoir de retrouver la mystérieuse cité d’El Dorado. Mais prenez garde de ne pas y laisser votre plus gros trésor… la vie !
Quel que soit le mode de jeu choisi (solitaire, coopératif ou compétitif), les règles restent globalement les mêmes, avec quelques légères nuances.
Votre équipe, en forme et au grand complet (ça ne va pas durer…), est prête à partir à l’aventure : chacun de vos trois explorateurs dispose de trois points de santé, et vous emportez avec vous trois rations de nourriture et autant de cartouches de fusil. Le chemin vers la cité perdue ne sera pas de tout repos : huit tronçons vous séparent de votre objectif.
Les tours se succèdent, alternant les phases de journée et de soirée, au cours desquelles vous devrez vous frayer un passage à travers la jungle. Ce périple est matérialisé par une série de cartes d’aventure numérotées, représentant les rencontres et les dangers se dressant sur votre chemin. Il peut s’agir d’animaux féroces (puma, scorpion, et autres joyeusetés), de tribus autochtones, ou d’obstacles naturels (pluie battante, pont de cordes, etc). La plupart sont hostiles, quelques trop rares cartes vous viendront en aide.
Chacune est composée d’une ou de plusieurs cartouches. Les évènements, en jaune, sont obligatoires. En rouge, les choix, obligatoires également, mais il suffit d’en résoudre un seul. Et enfin les options, en bleu, facultatives. Les icônes blanches s’y trouvant symbolisent un coût à payer pour passer la carte. Soit avec votre équipement, soit avec les capacités de vos personnages. Et si l’icône est noire, c’est un gain. D’autres icônes permettent de permuter les cartes à venir, voire d’en défausser. L’une d’elles, la plus importante, permet de progresser vers la cité perdue. Tout est une question de choix et de priorité : il ne faut pas trainer, sans se presser non plus.
L’ordre de résolution des cartes est différent selon qu’on est en journée ou en soirée. Dans le premier cas, elles sont résolues par ordre croissant de leur numéro. Dans le second, dans l’ordre de pose. Un système très malin qui permet de gérer sa main de cartes.
Enfin, pour couronner le tout, chaque journée et soirée se termine par un repas. Bien entendu, si vous n’avez plus rien à manger, un de vos explorateurs perd un point de santé.
Le dénouement de votre périple survient de deux manières. La plus fréquente se solde par la mort de vos trois aventuriers. Exceptionnellement, si au moins l’un d’eux survit miraculeusement jusqu’à la cité perdue, la partie est gagnée.
Le jeu en solitaire ou à plusieurs en coopération est très proche. Le hasard est plus présent quand on joue tout seul. Alors qu’à plusieurs il est interdit de décrire ses cartes en main.
Le jeu à deux, l’un contre l’autre, propose un astucieux système dans lequel on construit deux chemins, les joueurs choisissant alternativement lequel ils veulent emprunter, laissant le plus dangereux à l’adversaire.
Pourquoi c’est bien
Dire que nous sommes tombés sous le charme de L’Expédition Perdue est un euphémisme : dix parties le weekend où nous avons découvert le jeu, sans compter celles qui ont suivi. Dix défaites également. Sans compter celles qui ont suivi.
Car oui, ce jeu est dur. Très dur. Extrêmement dur. Ou peut-être sommes-nous tout simplement nuls, très nuls, extrêmement nuls. Dans le doute, nous avons visionné une explication des règles en vidéo. Qui sait, peut-être sommes-nous passés à côté d’un point essentiel. À notre grand soulagement, non, aucune erreur de compréhension à signaler. Pour nous rassurer, direction les avis et les sujets de forums de joueurs relatant leurs expéditions (le jeu existe en anglais depuis 2017). Soulagement là encore : tout le monde se casse les dents dessus.
Non, aucun doute possible, le challenge proposé par L’Expédition Perdue est impitoyable et frustrant. Et pourtant on y revient. Car le jeu est prenant (le thème et les illustrations y sont pour beaucoup), les règles s’intègrent facilement après une première partie d’apprentissage, et les sessions de jeu sont courtes.
Alors certes, le hasard est très présent. Évidemment, c’est un jeu de cartes. Mais on acquiert de l’expérience au fur et à mesure des tentatives. On apprend rapidement l’importance des rations de nourriture, la rareté des munitions (pas facile d’en trouver en pleine jungle), ou la manière de gérer ses cartes entre les phases de journée et de soirée. Et surtout, on comprend vite que les icônes permettant d’agir sur le reste du chemin pourraient bien être la clé vers la victoire.
Le tout est un mélange de planification, d’anticipation, de prise de risque… et de chance. Une mauvaise carte, tombant au mauvais moment ou au mauvais endroit, peut ruiner tous vos espoirs. Mais c’est finalement très réaliste : on imagine sans peine qu’une morsure d’araignée venimeuse, des vers parasites ou une embuscade d’indiens, peuvent rapidement mettre un terme à votre petite escapade.
Le challenge est impitoyable, et pourtant on y revient
Tout cela est magnifiquement servi par des illustrations bien mises en valeur par les grandes cartes au format tarot. Dans une ambiance pulp, leur style rappelle irrémédiablement Tintin ou Blake et Mortimer. C’est précis, détaillé et propice à l’immersion. Et elles sont toujours en adéquation avec les effets des cartes qu’elles représentent, ce qui ne gâche rien.
Si vous avez aimé Vendredi, l’un des tous premiers jeux que nous vous avons présenté, jetez vous sur L’Expédition Perdue : les mécaniques sont différentes, mais l’ambiance et les sensations sont proches, sans que les deux fassent doublon.
Pour la petite histoire, l’auteur de L’Expédition Perdue s’est inspiré de La Cité Perdue de Z, ouvrage historique et biographique relatant l’ultime expédition amazonienne de Percy Fawcett, dont le but était de découvrir une légendaire cité perdue. Malgré les nombreuses tentatives pour retrouver sa trace, la disparition de l’expédition reste aujourd’hui encore énigmatique.
Bref, L’Expédition Perdue propose un challenge corsé, jouable seul ou à plusieurs, le tout servi par un thème accrocheur et de magnifiques illustrations. Et malgré la difficulté, on y revient encore et encore. Une extension, La Fontaine de Jouvence, composée de quatre modules (dont un pour aider les joueurs… et un autre pour encore augmenter la difficulté, les fous !), devrait arriver sous peu sur les étals. De quoi augmenter davantage la durée de vie du jeu, son renouvèlement, et le plaisir d’y jouer.
- L’Expédition Perdue est un jeu de Peer Sylvester
- Illustré par Garen Ewing
- Édité par Nuts Publishing
- Pour 1 à 5 joueurs à partir de 12 ans
- Pour des parties d’environ 30 à 50 minutes
- Au prix de 19,90 € chez Philibert
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