La diffusion des films en relief ne pourra pas grand chose contre le piratage sur Internet. C’est l’amer constat qu’a fait le directeur général de Paramount Pictures lors d’une convention en Asie. À la place, il préconise de cibler les sites web plutôt que d’attaquer les internautes à travers la riposte graduée.

Après l’euphorie des studios de cinéma autour de la technologie 3D, serait-ce temps des complaintes ? À Hong Kong, lors de la seizième convention annuelle CineAsia, le directeur général de Paramount Pictures, Frederick Huntsburry, a mis en garde le reste de l’industrie cinématographique. Les films en relief ne seront pas une réponse pérenne et viable pour réduire significativement le piratage sur Internet.

En théorie, le procédé pour obtenir une copie 2D d’un film en 3D est fort simple D’après Frederick Huntsburry, le pirate peut contourner la diffusion en relief en plaçant un filtre devant l’objectif de la caméra. De cette façon, l’effet 3D sera annulé et le pirate pourra ensuite mettre en ligne sa copie illégale. Et même sans ce dispositif, les films en 2D ont encore de beaux jours devant eux.

« C’est un gros problème dans chaque pays du monde. N’importe qui avec une connexion Internet peut accéder facilement à du contenu piraté » a-t-il déclaré au site The Hollywood Reporter. La situation est telle que n’importe quel film hollywoodien peut être récupéré en à peine cinq clics de souris depuis n’importe endroit du monde, a continué le directeur général de Paramount.

Si les grands studios américains misent beaucoup sur la 3D au cinéma, cette technologie suscite également interrogation et méfiance chez certains cinéastes. Pour Francis Ford Coppola, surtout connu pour Le Parrain et Apocalypse Now, « les majors s’engouffrent dans la 3D, mais c’est illusoire« , ajoutant « qu’on ne peut pas combattre le piratage« . Et d’encourager le cinéma vivant comme nouvelle piste à explorer.

En France, Luc Besson est également circonspect sur les apports réels de la 3D. « Personne ne se déplace jamais pour la 3D, il y a une histoire que l’on a envie de voir, des personnages que l’on a envie de voir. Après le bonus de la 3D, parfois c’est un super bonus et c’est tant mieux, mais j’ai vu des très mauvais films en relief » a-t-il confié l’an dernier. La 3D, en tant que telle, ne fera pas revenir les gens dans les salles obscures.

Alors, quelle solution propose Frederick Huntsburry face au piratage ? Certainement pas la sortie simultanée. « Si vous sortez un produit (au format numérique, ndlr) simultanément, vous avez réalisé une très bonne copie qui peut être volée et mise en ligne durant la période de projection dans les salles de cinéma« . Parfois, il arrive même que la copie pirate arrive en ligne avant la sortie officielle. Cela s’est vu pour Star Wars ou Harry Potter.

La riposte graduée n’a pas davantage ses faveurs. Décrite comme « trop coûteuse« , la méthode visant à s’attaquer à l’internaute lambda suspecté de télécharger des contenus protégés par le droit d’auteur a montré -selon Frederick Huntsburry – qu’elle n’affectait pas les services d’hébergement en ligne. En revanche, le blocage des sites suspectés de favoriser le piratage est une meilleure approche, estime-t-il.

Car la situation est périlleuse, à en croire les propos du directeur général de Paramount. « C’est un problème de législation dans chaque pays, chaque nation doit reconnaître l’énorme menace qui pèse sur les emplois et l’industrie locale« . Et cela, alors même que les recettes du cinéma ont beaucoup progressé en France et aux Etats-Unis.

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