Ce n’est un secret pour personne que les DRM n’ont jamais empêché quiconque de pirater des jeux vidéo. Si elle l’ignorait encore, l’industrie l’a compris en voyant que Spore était à la fois le jeu le plus protégé (sur le papier) de l’année et le jeu le plus piraté sur BitTorrent.
De son côté, Ubisoft l’a compris de la plus ridicule des manières. Cet été, alors que des joueurs s’étaient plaints de ne pas pouvoir jouer au jeu Rainbow Six Vegas 2 qu’ils avaient acheté légalement sur une plateforme de téléchargement, le service technique d’Ubisoft avait fourni à ses clients un correctif qui n’était autre… qu’un crack no-CD réalisé par le groupe warez Reloaded. Quelques semaines plus tard, il s’est plaint que la presse se soit basée sur une version piratée pour juger (négativement) Assassin’s Creed sur PC, alors qu’un DRM buggé avait été volontairement inséré dans cette version pour contrer la copie. Enfin, comble du modèle économique ruiné par la paranoïa du piratage, l’éditeur a annoncé en octobre qu’il retardait la sortie sur PC de son jeu EndWar, pour ne pas que la diffusion de versions pirates dissuade les joueurs de l’acheter sur console.
Loin d’être rationnelle, la psychose anti-piratage mène les éditeurs à ruiner leur réputation et leurs parts de marché du jeu vidéo sur PC, au profit d’éditeurs concurrents qui font davantage confiance aux joueurs. L’éditeur polonais CD Projekt s’est ainsi imposé avec une politique de respect des clients, distinguée par le cabinet Earnst & Young et par ses ventes.
Un test de sincérité
Bien que breton, Ubisoft n’est pas têtu. L’éditeur a pris acte des plaintes des joueurs sur PC, et a décidé de regarder comment pouvaient se comporter les ventes d’un jeu vidéo livré aux joueurs sans DRM. C’est Prince of Persia qui doit servir de cobaye.
« Vous avez raison lorsque vous dites que les gens qui veulent pirater le jeu le feront, mais les DRM sont là pour faire que ça soit aussi difficile que possible pour les pirates de copier nos jeux« , rappelle Ubisoft sur ses forums. Toutefois, « beaucoup de gens disent que les DRM sont la raison qui pousse les gens à pirater des jeux mais puisque Prince of Persia n’a pas de DRM, nous verrons bien à quel point les gens sont sincères« , annonce l’éditeur.
Si les jeux sont aussi piratés pour les tester avant de les acheter, Ubisoft estime que PoP a assez de qualités pour convaincre les clients potentiels. Selon Metacritic, la version du PC obtient une note globale de 86 %, ce qui en fait ni un jeu incontournable, ni un jeu raté que les internautes piratent sans avoir ensuite la volonté de l’acheter, ou tout simplement de continuer à y jouer.
« Nous avons un bon jeu sans DRM donc il n’y a vraiment aucune raison de le piratager, non ? Nous devrions attendre de bonnes ventes puisqu’il n’y a aucune raison de ne pas en acheter une copie« .
Une confiance toute relative, mais c’est toujours le premier pas qui est le plus difficile.
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