En matière d’infrastructures réseau, la suprématie de la firme chinoise Huawei ne finit pas d’inquiéter les puissances occidentales. Ces derniers mois, l’installation des réseaux 5G réinvite les nations à se prononcer sur la présence de l’équipementier chinois sur leur territoire : les États-Unis et l’Australie ont déjà dit non quand l’Allemagne ou encore la Corée du Sud demandent des preuves de bonne foi de la part de l’entreprise. Cet automne, Huawei installe un laboratoire de cybersécurité en Allemagne pour, l’entreprise l’admet, tenter d’en finir avec la méfiance allemande.
Une suprématie délicate
Le volontarisme ne suffira peut-être pas : au sommet de l’État allemand, des responsables auraient déjà soutenu une position ferme sur la question, exigeant d’exclure Huawei du consortium pour l’installation des infrastructures réseau à venir. À Bonn toutefois, le centre de sécurité de l’entreprise sera ouvert ce mois-ci afin de tenter de travailler avec les autorités à l’instar de la coopération organisée entre les autorités anglaises et Huawei depuis 2010. Au Royaume-Uni, la firme a constitué un centre de la même nature travaillant avec un conseil gouvernemental formé spécialement.
Selon Reuters, les officiels Allemands resteront ouverts à la discussion. Auprès de l’agence, une source a admis : « Nous devons faire face à une réalité : il y a peu de fabricants de matériel en Allemagne — ils sont majoritairement étrangers. En fonction de cela, nous devons obtenir le meilleur niveau de sécurité possible. » Une tâche qui nécessite des compromis politiques alors que Huawei s’illustre par une suprématie industrielle et économique sur le secteur.
Consultation du code, audit de sécurité, coopération avec les autorités : Huawei estime être prêt à différentes initiatives pour remporter le marché allemand. Au Royaume-Uni, pareille entreprise n’a pas empêché les agences anglaises d’alerter la firme sur ses processus de sécurisation : l’été dernier, le conseil d’évaluation de Huawei (HCSEC) comprenant un espion du GCHQ (Government Communications Headquarters) pointait des insuffisances en matière de sécurité. Le conseil spécial anglais jugeait les progrès de l’entreprise insuffisants malgré les recommandations déjà réalisées.
« Huawei échoue à faire le minimum pour que le gouvernement lui donne le feu-vert »
L’évaluation rigoureuse des Anglais continue de mettre en lumière des failles et insuffisances. Auprès de la BBC, Alan Woodward, ancien expert du GCHQ observait : « Il est difficile de ne pas arriver à la conclusion que Huawei échoue à faire le minimum pour que le gouvernement lui donne le feu-vert pour équiper des zones critiques. »
Berlin va devoir trouver une position dans cet inconfortable débat qui anime les industriels et les agences de sécurité. La position de l’État allemand pourrait ensuite animer d’autres discussions en Union européenne, où la dépendance aux infrastructures chinoises est bien souvent une réalité avant même l’installation de la 5G.
En attendant, Huawei continue de proposer des audits indépendants de son code source : même en Corée du Sud où, fin octobre, l’opérateur mobile LG U+ se préparait à signer avec le Chinois pour se lancer dans le réseau mobile de prochaine génération. La France, elle, reste l’un des pays les plus indécis : SFR a déjà signé avec l’équipementier pour une antenne 5G test cependant, l’Hexagone a toujours refusé de donner à Huawei l’agrément pour fournir les routeurs de cœur de réseau de nos opérateurs.
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