L’entreprise sud-coréenne Kakao se diversifie. Outre ses activités en ligne, elle se lance dans la banque et son service est devenu très populaire en quelques jours. De quoi conforter la stratégie d’Orange, qui va aussi se lancer dans ce créneau.

Les banques traditionnelles ont du souci à se faire car les entreprises technologiques ont bien l’intention de venir empiéter sur leurs plates-bandes et les particuliers sont visiblement prêts à leur faire confiance.

La preuve en Corée du Sud avec Kakao, une entreprise spécialisée dans les services Internet : celle-ci s’est lancée le 27 juillet sur ce créneau et a enregistré la création de plus de 1,5 million de comptes en l’espace d’une semaine.

C’est ce qui s’appelle un démarrage sur les chapeaux de roue : dès le premier jour d’opération de Kakao Bank, plus de 300 000 comptes avaient été ouverts par les Coréens, selon l’agence de presse locale Yonhap, avant de dépasser le cap des 800 000 clients trois jours plus tard. Le lendemain, ce nombre passait le cap symbolique du million.

kakaobankapp

Il faut dire que Kakao ne part pas de rien. Avant de se lancer dans la banque en ligne, l’entreprise sud-coréenne s’est fait un nom dans d’autres secteurs (mode, transport, divertissement, VTC). Elle est à la tête de plusieurs applications mobiles, dont la très populaire — au pays du matin calme en tout cas — messagerie instantanée KakaoTalk, qui propose notamment du chiffrement de bout en bout depuis fin 2014.

Cette notoriété a joué un rôle-clé dans l’excellent lancement de Kakao Bank, lui permettant, selon la presse locale, d’égaler en nombre de clients la première banque en ligne du pays, K-Bank, qui s’est lancée au mois d’avril 2017. Idem du côté du montant des dépôts et des prêts, puisqu’ils s’élèvent respectivement à 490 millions et 372 millions d’euros environ.

Et tout ça, dans des délais extrêmement brefs.

Quel succès à venir pour Orange Bank ?

C’est cette success story qu’aimerait reproduire Orange avec son service Orange Bank, qui doit être lancé en France courant septembre (les débuts de la plateforme devaient avoir lieu début juillet mais les travaux pour rendre l’application prête pour une utilisation par le grand public étaient loin d’être terminés) et dont la présentation a eu lieu en avril lors de la conférence organisée par l’opérateur.

Tout comme Kakao, Orange est avant tout une entreprise tournée vers le net. Elle n’avait pas jusqu’à présent d’activité dans la banque et c’est donc dans un domaine tout à fait nouveau, qu’il faudra défricher, que le fournisseur d’accès à Internet se tourne. Reste à savoir si l’opérateur saura convaincre les Français et les Françaises, d’autant que le pays compte déjà plusieurs banques en ligne. La concurrence est déjà bien en place.

Ainsi, Boursorama Banque, qui est le leader de la banque en ligne sous nos latitudes, comptait par exemple plus de 710 000 clients fin 2015 — et visait à l’époque les 2 millions de clients pour 2020, selon Les Echos. Il y a aussi d’autres gros acteurs bien implantés dans l’Hexagone, comme ING et Fortuneo.

Dès lors, ceux et celles qui ont choisi de passer à une banque en ligne auront-ils envie de refaire de la mobilité bancaire, alors qu’ils bénéficient déjà de tarifs globalement plus avantageux que dans une banque traditionnelle, du fait de l’absence de réseau d’agences et d’une importante masse salariale ? Cela reste à voir, d’autant que l’offre actuelle d’Orange n’est pas très différente de ce que le marché propose.

Orange peut-il connaître la même trajectoire que Kakao alors que la France compte plusieurs banques en ligne bien implantées ?

Quant aux autres, la migration est encore moins acquise : s’ils n’ont pas migré vers une banque en ligne (dont les principales sont toutes affiliées à une grande banque traditionnelle, comme la Société Générale pour Boursorama Banque par exemple, ce qui apporte une certaine garantie et une relative sérénité), pourquoi accepteraient-ils de miser sur un nouvel acteur sur le marché qui n’est pour l’instant qu’un bleu ?

Cela étant, la trajectoire pleine de succès que connaît Kakao Bank a de quoi conforter la vision d’Orange. Après tout, même si la société sud-coréenne est différente par bien des aspects à la société française, pourquoi Orange Bank — ou n’importe quel autre offre du même acabit — ne pourrait pas se hisser à son tour comme deuxième banque du genre en France ? Réponse dans les prochains mois.

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