Le gouvernement entend aider les industries françaises à recruter des robots. Des prêts pour l'automatisation et la robotisation de l'industrie seront accordés, via la banque publique d'investissement (BPI). La France dispose d'atouts indéniables dans ce domaine, mais la société est-elle prête à accepter davantage de robots dans les usines ?

Les industries françaises ne font pas suffisamment appel aux robots. Tel est le constat fait par le gouvernement lorsque l'ex-ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, a dévoilé 34 plans réindustrialisation de la France. Aussi l'exécutif a-t-il décidé de soutenir le développement de la robotique au sein des usines, via un système de prêt pour l'automatisation et la robotisation de l'industrie.

Rattraper le retard français

Au Journal officiel, une convention a été publiée le 30 septembre. Celle-ci vise à "encourager les investissements des petites et moyennes entreprises et des entreprises de taille intermédiaire dans des projets d'acquisition de robots susceptibles de les rendre plus compétitives", afin que la France rattrape son retard sur ses voisins européens.

"Le taux de robotisation des PME/PMI françaises est très en deçà des PME allemandes et italiennes", constate l'exécutif. "La densité de robots par employé de production est ainsi 1,5 fois moins élevée en France qu'en Allemagne dans l'automobile et 4 fois moins dans l'industrie hors automobile". Or, le gouvernement est convaincu qu'un des leviers à actionner pour relancer la croissance se trouve là.

Relancer la croissance

"Pour poursuivre l'amélioration de la compétitivité de notre économie et en particulier des entreprises industrielles, […] l'accroissement du parc de robots de production installés est indispensable, afin de permettre tant l'amélioration de la compétitivité coût que de la compétitivité hors coût par le surcroît de qualité généré par la robotisation".

Dans ce cadre, "il a été décidé de mettre en place, dans le cadre du second programme d'investissements d'avenir, 300 millions d'euros de prêts bonifiés destinés à financer l'investissement des entreprises engagées dans des projets structurants d'intégration d'équipements de production automatisés comme les robots", poursuit le document, qui souligne les gains de compétitivité qu'apporteront les machines.

L'essor de la robotique

Au-delà de la compétitivité des entreprises, la robotique est un secteur en plein essor. D'après l'ONU, les robots vont connaître un succès comparable à l'automobile, l'informatique ou la téléphonie mobile. De nombreux domaines pourront en profiter : santé, éducation, environnement, mobilité, surveillance, aide à la personne….

Les atouts de la France

En 2012, le ministère du redressement productif a publié une vaste étude sur l'avenir de la filière robotique en France. Il ressort de celle-ci que l'Hexagone n'a pas à rougir de ses atouts, même face à des nations très avancées dans ce domaine, comme les États-Unis et le Japon… à condition de traduire son expertise universitaire en projets industriels viables.

Ce décalage a été souligné une nouvelle fois par le comité de pilotage cet été. "Notre pays est déjà l’un des moteurs de la révolution robotique et a le potentiel pour devenir l’un des cinq leaders mondiaux d’ici à 2020", note le document, qui a souligné l'existence "d'acteurs industriels et académiques d'excellence" dans le pays mais regretté l'insuffisance en robotique industrielle.

Des robots destructeurs d'emploi ?

L'essor de la robotique ouvre des questions éthiques, juridiques mais aussi sociétales. Il existe par exemple une forte appréhension à propos de l'effet de la robotique sur l'emploi. D'aucuns craignent que des milliers d'individus se retrouvent au chômage, parce qu'ils ne pourraient plus rivaliser les robots, infatigables et imperturbables travailleurs mécanisés qui n'ont que faire des acquis sociaux.

En 2012, une étude menée pour la Commission européenne a montré que les Français sont parmi les Européens les plus pessimistes sur l'impact social de la robotique et qu'ils ne font pas confiance aux robots pour les activités les plus sensibles sur le plan humain. 74 % des sondés considèrent en particulier que les robots vont détruire des emplois.

Dans son étude de 2012, le ministère du redressement productif s'est voulu rassurant . "Le robot, en reproduisant des gestes humains, est-il intrinsèquement destructeur d'emplois ? La réponse est évidemment négative : aucun lien systématique ne saurait être fait entre l'usage d'un outil et les impacts en termes d'emploi". Or, il a relevé que "cette question peut être un réel frein à l'acceptabilité des robots".

À mesure que la robotique va se démocratiser, les débats concernant son impact sur l'emploi (création ? Destruction ? Les deux ?) vont prendre de plus en plus d'ampleur. Mais ces craintes, aussi justifiées et légitimes soient-elles, ne doivent pas masquer le fait que si les robots prennent certains emplois, d'autres postes sont susceptibles d'être créés pour satisfaire de nouveaux besoins.

( photo : CC BY-SA Humanrobo )


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