Voilà qui devrait faire très mal aux adversaires des DRM. Magnatune, régulièrement cité comme exemple de la réussite de la vente de musique en ligne sans DRM, change de cap. Le label américain s’est en effet associé à Weed pour monétiser la distribution de ses fichiers musicaux. Mais l’accord, qui tente de dresser un compris entre contrôle liberticide et liberté coûteuse, dresse les perspectives d’un « DRM équitable ».

Le label Magnatune s’est fait connaître de tous avec l’idée que la musique ne doit pas être contrôlée. Son fondateur, John Buckman, s’est toujours opposé aux majors de l’industrie en faisant la promotion de son modèle économique basé sur deux spécificités complémentaires. D’une part les fichiers vendus aux clients étaient libres d’utilisation, puisque fournis au format MP3 dépourvu de DRM et lisible sur la quasi totalité des baladeurs numériques. D’autre part Magnatune partage 50% des revenus avec les artistes, là où les labels traditionnels reversent à peine 10%.

Weed, de son côté, est un modèle de diffusion contrôlée par DRM qui se veut équitable. Le système inventé par John Beezer permet de diffuser des fichiers WMA protégés par le DRM de Microsoft mais lisibles gratuitement 3 fois par qui le reçoit, et « vendables » par n’importe quel internaute via un système de commissionnement et de parainage.

D’après les termes de l’accord signé entre Magnatune et Shared Media Licensing (éditeur de Weed), le catalogue complet de Magnatune, qui représente plus de 400 albums de 200 artistes, sera converti en fichiers Weed. Le tout sera distribué sur LimeWire, et notamment sur le site LimeClick.com de l’éditeur P2P. « Je crois toujours que lorsque vous achetez de la musique, vous devriez le posséder et qu’il ne devriait y avoir aucune restriction technologique sur l’utilisation de ce fichier« , se défend John Buckman. « Cependant, afin de mettre en place le modèle économique de Weedshare, qui permet de gagner de l’argent tout en partageant, une certaine forme de tracking et de contrôle doit être ajouté au fichier« , précise le fondateur de Magnatune.

Les deux partenaires voient le DRM comme un outil de mesure et de vente, et non comme un outil de contrôle. Reste que les amoureux de Magnatune, nombreux chez les supporters des Creative Commons, risquent de ne pas apprécier la manœuvre. Elle donne raison à toute l’industrie du disque qui répète à qui veut l’entendre que les DRM sont leur seule et unique moyen de continuer à produire de la musique commercialement sur Internet.

Magnatune montrait une voie alternative qu’elle a aujourd’hui quittée.

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