Blade débarque en Europe avec une gamme d’ordinateurs portables fort alléchante. Est-ce que l’ultrabook de la marque, nommé Razer Blade Stealth, tient toutes ses promesses ? Réponse dans ce test.

La route vers l’ultrabook ultime sous Windows est pavée de déceptions en tous genres. Parce que les constructeurs n’ont jamais vraiment misé sur des utilisateurs exigeants en termes de design, de finition et de matériel embarqué, l’offre sous Windows s’est souvent retrouvée avec des engins qui cochaient toutes les cases de l’ordinateur parfait sauf une, rendant les configurations proposées caduques. Une fois c’était l’écran, une autre la RAM, une autre le design, une autre encore le stockage.

Depuis quelques mois en revanche, on voit les marques faire de réels efforts sur les produits proposés au grand public. On peut alors dresser dans ses grandes lignes un marché de l’ordinateur portable sous Windows qui se décline, peu ou prou, en 4 grands secteurs. Il y a d’abord les ordinateurs d’entrée de gamme dédiés à la bureautique qu’on trouve autour de 500 euros.

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Puis il y a les hybrides tablette / PC qui sont le secteur porteur du moment. Viennent ensuite les ultrabooks et autres ordinateurs haut de gamme qu’on trouve au-dessus de la barre des 1 000 euros. Et puis, enfin, il y a une catégorie que nous aimerions ne jamais rencontrer : celle des arnaques à base d’ordinateurs sous-dimensionnés, ces fameuses configurations autour de 300 € équipés de 2 Go de RAM, d’un processeur anémique et d’un disque dur pas folichon.

Avec sa gamme Blade, Razer a tapé un grand coup dans la troisième catégorie, la plus haut de gamme : celle des laptops qui s’adressent aux utilisateurs avancés et, pour les plus modèles les plus musclés, carrément aux joueurs qui rechignaient jusqu’alors à acheter des configurations portables. Cette gamme n’était pas disponible en France jusqu’en novembre 2016 et nous faisait doucement saliver depuis l’autre côté de l’océan Atlantique. Aujourd’hui, nous avons pu mettre la main sur un Blade Stealth que nous avons fait surchauffer dans trois configurations : en reportage, au bureau et à la maison.

Mobilité, travail et jeu : telles étaient les promesses de Razer. Voyons si le constructeur les a tenues.

Nous avons testé un modèle Blade Stealth QHD 256 Go vendu 1 399 €. Le Razer Core est vendu en Bundle à partir de 1 549 €

  • Processeur Intel Core7e génération i7-7500U Dual-Core avec Hyper Threading 2,7 GHz / 3,5 GHz (Base/Turbo)
  • Carte graphique Intel HD 620
  • 8 Go de RAM intégrée à double canal LPDDR3-1 866 MHz (fixe)
  • Windows 10 (64-Bit)
  • Killer sans fil/câble (802.11a/b/g/n/ac + Bluetooth 4.1)
  • Thunderbolt 3 (USB-C)
  • 2 ports USB 3.0 (SuperSpeed)
  • Interface d’écran tactile multipoint
  • Webcam intégrée (2,0 MP)
  • Sortie audio / vidéo HDMI 2.0a
  • Haut-parleurs stéréo intégrés
  • Port casque / microphone 3,5 mm
  • Micros multiples
  • Dolby Digital Plus Home Theater Edition
  • Prise en charge Codec 7.1 (via HDMI)
  • Clavier Razer Chroma anti-ghosting avec rétroéclairage individuel des touches
  • Puce de sécurité Trusted Platform Module (TPM 2.0) intégrée
  • Adaptateur secteur compact 45 W USB-C
  • Batterie intégrée rechargeable en polymère au lithium-ion 53.6 Wh
  • 13,1 mm (hauteur) x 321 mm (largeur) x 206 mm (profondeur)

Au boulot !

Pour qu’un ultrabook au-delà de 1 000 € soit un bon investissement, il faut évidemment qu’il puisse répondre à toutes les tâches de bureautique avancée en un clin d’œil. C’est une évidence pour les professionnels : l’informatique ne doit pas être une friction en plus, une raison en plus d’attendre. Limiter l’attente est un gage d’efficacité, mais aussi de bien être : qui ne s’est jamais énervé quand une page web ne chargeait pas ou qu’un simple logiciel de traitement de texte s’ouvrait en une minute environ ?

La configuration de l’ultrabook Razer vous épargne fort heureusement ces soucis. Sur toutes les tâches de bureautique simple, du traitement texte au tableur en passant par les applications web les plus avancées, le Blade Stealth ne bronche pas. Les logiciels plus poussés comme Photoshop ou Illustrator ne sont pas non plus un problème pour cet engin qui vous permettra de faire de l’édition d’image professionnelle sans trop de souci, le tout sur une autonomie réelle d’environ 8 heures, ce qui vous permet de tenir une journée de travail loin de votre bureau.

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Pour le pousser un poil dans ses retranchements, nous avons confié l’ordinateur à notre réalisateur qui s’occupe des vidéos pour Numerama et FrAndroid. Il a utilisé le Razer pour monter les vidéos de notre reportage à Munich en utilisant Adobe Premiere. Si l’exécution du logiciel et la mise en place des fichiers dans la timeline est aisée, l’exercice reste tout de même compliqué… à cause de la petite taille de l’écran. En effet, Razer a choisi d’embarquer une dalle de 12,5 pouces dans un ordinateur dont le corps est aussi imposant que celui des derniers MacBook Pro. De fait, pour quelqu’un habitué à travailler sur plusieurs écrans, cela reste très difficile de s’adapter à des diagonales plus petites.

D’autant que Windows 10 ne gère pas le mieux du monde les définitions élevées. Avec un écran QHD comme celui du Razer, vous allez avoir le choix entre une interface ridiculement petite ou des polices floues quand vous décidez d’appliquer un zoom. Nous avons bien joué avec les paramètres de Windows, sans succès : le système d’exploitation de Redmond peine à nous offrir le juste milieu entre une interface lisible et un affichage, des polices par exemple, qui n’est pas flou.

Le meilleur réglage reste celui de la définition native zoomée à 150 %. C’est un mieux que rien que nous trouvons dommage, à l’ère où les écrans haute définition se multiplient… et un problème que nous relevions déjà lors de notre test de la Surface Pro 4, il y a presque un an. Ce n’est pas la faute de Razer, mais c’est un sujet sur lequel Redmond devrait continuer à se pencher — d’autant que macOS et Linux gèrent très bien ces affichages.

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Quand nous avons retrouvé le Razer pour poursuivre nos tests, Jean-Baptiste avait désactivé à peu près toutes les fioritures gamer de Razer. Et il est vrai que lors d’un usage professionnel, nous ne nous embarrassons pas de ces choses. Avoir un clavier lumineux dont chaque touche est configurable, c’est mignon, mais c’est loin de changer notre vie — d’autant que le driver Razer pré-installé a besoin d’un compte pour être utilisé. Plus gênant : il semble un poil bricolé. Quand on clique sur l’onglet Pavé tactile, on se retrouve sur un menu de configuration du système complètement désuet, dont l’interface est héritée des versions antérieures à Windows 8. La raison est bien simple : Razer fait appel à un partenaire côté matériel pour le pavé tactile et c’est son driver qui est imbriqué dans le driver de Razer. On est loin de l’expérience native de macOS.

Une fois le clavier réglé sur une couleur sobre, comme un blanc pas trop flashy, on découvre un autre souci qu’on avait rencontré avec les projecteurs DLP : quand vous bougez les yeux sur le clavier alors que le rétro-éclairage est allumé, qu’importe la couleur, vous verrez apparaître de petits arc-en-ciel sous les touches.

Ce glitch semble être perçu de manière plus ou moins évidente par les utilisateurs et est probablement dû à la technologie utilisée par Razer pour faire en sorte que chaque touche puisse être rétroéclairée avec une couleur définie. Il est fort probable, en revanche, que votre cerveau fasse abstraction de ce phénomène lumineux au bout de quelques heures d’utilisation — ou que vous y soyez moins sensible que nous. De même, si vous tapez sans regarder votre clavier, vous n’aurez aucun souci — et le rebond des touches du Blade Stealth est particulièrement agréable.

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De son côté, le pavé tactile est vraiment très bon une fois que vous aurez trouvé la configuration qui vous convient le mieux. Il est réactif, précis et prend en charge des tas de mouvements tactiles qui vous permettent de contrôler Windows (comme un balayage à deux doigts qui fait office de Alt + Tab). C’est bien fichu et efficace : les grands fans des mouvements tactiles de MacOS trouveront là un bon compagnon.

Il faut dire enfin un mot sur l’aspect tactile de l’écran : à l’usage, nous ne l’avons pas utilisé une seule fois. Le Blade Stealth n’est pas un laptop qui se replie ou qui a un écran détachable : il ne peut donc pas se transformer en tablette tactile. Cela ne nous est donc jamais venu à l’esprit de poser un doigt sur cet écran et nous avons vite fait de désactiver la fonctionnalité pour nos tests.

Le joueur qui se cache

Le Razer Blade Stealth est donc particulièrement efficace au bureau et en mobilité, si le logo de Razer ne vous dérange pas et l’esthétique encore un brin joueur ne vous fait pas fuir. C’est clairement l’un des laptops compacts les plus intéressants que nous ayons eu la chance de tester depuis bien longtemps, qui se glisse sans mal dans un sac et dont les finitions n’ont rien à envier à ce que propose Apple de l’autre côté de l’univers. Mais Razer, cela ne vous aura pas échappé, reste une marque de joueurs. Peut-être qu’à l’avenir, la marque déclinera ses Blade dans des versions plus sobres ; pour l’instant, l’ensemble est encore bien ancré dans l’esprit jeu vidéo, avec ses bons et ses très mauvais côtés (comme la comm’…).

Les bons côtés, ce sont les bonnes surprises. Certes, le Blade Stealth est un ultrabook, certes il ne tourne pas avec une carte graphique Nvidia ou AMD, mais il en a quand même suffisamment dans le ventre pour nous impressionner. Alors bien sûr, nous n’avions pas beaucoup d’attente : évidemment, nous savions qu’un titre récent mais peu gourmand comme Overwatch ne tournerait pas tout à fond en résolution native. Cela dit, contrairement au X360 de HP qui est resté à genoux quand nous avons lancé le titre phare de Blizzard, le Blade s’en est admirablement sorti.

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Joueurs : en 720p et en qualité basse, sachez qu’il est possible de jouer à Overwatch sur un Blade Stealth à 60 images par seconde. Cela ne vous décollera pas la rétine, cela sera peut-être inconfortable, mais sur une machine nomade, que nous considérons clairement comme une machine de bureautique avancée, voir qu’on peut profiter d’un moment de détente sans ralentissement sur un FPS rapide est un véritable plaisir. Cela signifie aussi que le Blade est équipé pour faire tourner une foultitude de jeux plus anciens, dans tous les styles.

Et puis vient le Razer Core. Avec cet add-on, l’idée de Razer est de pouvoir concilier un laptop de travail et le plaisir du gaming, sans concession. Au lieu de faire un ordinateur de 5 cm d’épaisseur, Razer a préféré imaginer une extension qui n’est rien de moins qu’un GPU externe. Le Razer Core n’est pas un produit nomade : il pèse lourd et est imposant. Tout a été pensé pour que le produit reste sur un bureau et remplace, à vrai dire, la tour chérie des joueurs.

À l’intérieur, on trouve un système d’alimentation pour installer la carte graphique de votre choix (vendue séparément, bien entendu). Au dos, vous trouverez un port USB Type-C Thunderbolt 3 pour relier le Razer Core à votre laptop. Vous pourrez profiter des sorties de votre carte graphique, de 4 ports USB classique et d’un port Ethernet en plus.

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Sur un laptop Razer, la connexion est complètement « plug and play ». Nous avons monté une Nvidia 1060 dans le Core, nous l’avons branché au Blade Stealth et il ne nous restait plus qu’à installer les pilotes de la carte graphique sur Windows pour que tout soit reconnu et fonctionnel : le driver Razer Synapse, qui s’occupe aussi du clavier, dispose d’un onglet dédié au Razer Core. Nous avons relancé Overwatch après avoir branché le Core et le jeu s’est configuré de lui-même sur de nouveaux réglages : la résolution native QHD et tous les détails en Ultra. Sans surprise, le jeu de Blizzard tourne à 60 images par seconde, le GPU faisant son travail de manière efficace.

Taquins, nous avons essayé de connecter le Razer Core à un nouveau MacBook Pro équipé de ports USB Type-C Thunderbolt 3. L’installation de Windows sur la machine s’est passée à merveille mais il nous a été impossible de faire fonctionner le Razer Core. Le MacBook reconnaît bien l’objet (sans lui donner de nom), les pilotes de la carte peuvent s’installer quand on télécharge une version plus ancienne, mais une erreur ne cesse de s’afficher dans le panneau de configuration de Windows, affirmant que la GeForce installée a rencontré un problème, sans plus de précision. Tant pis. Razer précise après tout que son engin n’est compatible, pour l’instant, qu’avec ses ordinateurs.

Si nous avons choisi Overwatch comme fil rouge pour ce test, c’est aussi parce que le jeu fait partie des titres compatibles avec les fonctionnalités de gaming liées au clavier. Quand vous configurez Overwatch dans le pilote de Razer, le clavier va prendre une toute autre dimension quand vous jouez. D’abord, il va s’adapter à la couleur dominante de votre personnage. Ainsi, vous le verrez s’illuminer de rose avec D. Va ou devenir vert avec Genji, bleu avec Symmetra ou Reinhardt.

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Les touches d’actions vont être affichées dans une autre teinte, ce qui vous permettra de voir exactement ce que vous pouvez faire avec l’un des héros. Quand une action se recharge, la touche à laquelle elle correspond clignote. Quand votre sort ultime est prêt, le clavier complet va faire un flash et la touche correspondant à son déclenchement va passer en rouge.

Ces petits raffinements sont jolis mais il faut le dire, en jeu, ils ne servent à rien : quand on joue à Overwatch, la dernière chose à faire est de regarder son clavier et on apprend par cœur les touches en quelques minutes. Ce genre de configuration est peut-être plus pertinente sur un RTS où il existe des tonnes de raccourcis à connaître, mais c’est encore une fois plus une fonctionnalité réservée aux débutants : un joueur moyen connaît ses touches par cœur très rapidement.

Ces petits raffinements sont jolis mais il faut le dire, en jeu, ils ne servent à rien

Le côté vraiment pratique de ces fonctions lumineuses, que nous utilisons au quotidien, c’est quand elles servent des fonctionnalités un peu cachées, comme l’activation de la barre de fonction. Quand vous appuyez sur la touche Fn, le clavier s’éteint pour ne laisser que les touches accessibles allumées, vraiment pratique pour agir vite sur des commandes pas forcément évidentes à trouver en temps normal.

Conclusion

Il n’y a pas à tergiverser : le premier cru de Razer en Europe fleure bon la qualité et la marque présente un ultrabook clairement à la hauteur de ses prétentions, qui ravira sans nul doute ceux qui cherchent un ordinateur polyvalent et efficace, équipé d’un clavier plus agréable au toucher qu’à la vue, de tas de ports (espèce en voie de disparition) et d’un système assez unique en son genre de GPU externe plug and play.

On attend maintenant de Razer un peu plus de maturité pour ses produits, ce qui permettrait au constructeur d’éviter des erreurs. Avait-on besoin d’un clavier multicolore si le prix à payer est un glitch visuel dérangeant ? Pourquoi avoir mis un écran tactile sur une machine qui n’a aucun usage tablette / convertible ? Est-ce que cela n’aurait pas été mieux d’affiner les bords pour rendre le tout encore plus compact ?

À vrai dire, il aurait peut-être fallu une version écran mat 1080p non tactile qui aurait été la plus appréciée des utilisateurs exigeants : elle permettrait d’éviter les soucis de Windows liés à la mise à l’échelle des applications en haute définition sur petits écrans et apporterait en plus une différenciation supplémentaire par rapport au marché qui correspondrait à un réel besoin. C’est ce que Razer proposera sur sa gamme 14 pouces.

Le verdict

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8/10

Razer Blade Stealth

Avec son Blade Stealth, Razer livre un ultrabook sous Windows extrêmement bien fini, qui maîtrise à merveille toutes les tâches de bureautique avancée, du traitement de texte aux applications plus lourdes de retouche photo. Il est en plus équipé pour satisfaire la soif des joueurs les moins exigeants en déplacement et devient une belle bête de compet' qui peut remplacer une tour sur un bureau une fois rattaché à son Razer Core. 

Reste qu'on attend encore de Razer un petit effort pour arriver à l'ultrabook ultime. Les fioritures du clavier sont plus une ombre au tableau qu'un réel avantage, les bords de l'écran sont très épais et par certains aspects, le laptop est encore beaucoup trop marqué gamer-néons-tuning. 

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