Le gendarme des télécoms trouve que Bouygues Télécom et SFR ne font pas assez pour le déploiement de la 4G en zone rurale. Une mise en demeure anticipée a donc été enclenchée.

Le gendarme des télécoms hausse le ton contre SFR et Bouygues Télécom. Alors qu’est publié le premier observatoire du déploiement de la téléphonie mobile dans les zones peu denses, l’autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) vient d’annoncer contre toute attente la mise en demeure « par anticipation » des deux opérateurs.

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La pression monte sur SFR…

La raison ?

L’ARCEP trouve que Bouygues Télécom et SFR ne sont pas du tout dans les meilleures dispositions pour respecter leurs engagements de couvrir 40 % de la population française vivant en métropole et se trouvant dans les zones faiblement peuplées avant le 17 janvier 2017, alors que ce taux de couverture est inscrit dans leur autorisation de déploiement des réseaux en 4G.

Il faut dire que les conclusions de l’observatoire ne plaident pas franchement en leur faveur. Au 1er janvier 2016, Bouygues Télécom déclarait couvrir 12 % de la population se trouvant dans les zones peu denses, tandis que SFR annonçait un taux de 8 %. Sur le papier, le gap à combler paraît immense. En comparaison, Orange couvre un tiers de la population vivant hors des grandes agglomérations.

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…et sur Bouygues Télécom.

L’action de l’ARCEP concerne les opérateurs qui possèdent des fréquences dans la bande 800 MHz. Tout le monde est donc concerné, sauf Free Mobile, qui n’en a pas. Mais cela ne veut pas dire qu’aucune charge ne pèse sur ses épaules. En effet, le groupe fait face à une autre obligation : celle de couvrir 50 % de la population en zone peu dense en 4G, avec la bande 700 MHz, d’ici le 17 janvier 2022.

Au niveau des installations, Bouygues disposait de 3176 sites 4G en 800 MHz, SFR en avait 4553 et Orange en revendiquait 5769, en date du 1er janvier 2016. Selon les chiffres de l’ARCEP, les zones peu denses représentent 18 % de la population et 63 % du territoire. En tout, on dénombre plus de 22 500 communes entrant dans cette catégorie. C’est une facette de la fracture numérique.

Mais la mise en demeure anticipée de l’ARCEP, qui peut être considérée en quelque sorte comme une piqûre de rappel à moins d’un an de l’échéance, n’a justement pas beaucoup plu. Si SFR n’a pas spécialement commenté l’observatoire du gendarme des télécoms ni réagi à son coup de pression, ce n’est pas le cas de Bouygues, qui a sorti un communiqué et dépêché son secrétaire général, Didier Casas.

Sur Twitter, celui-ci a promis que Bouygues « sera à l’heure » pour le jour J, ajoutant qu’il reste encore près d’un millier de sites 4G à déployer avec SFR (les deux opérateurs ont signé un accord de mutualisation pour les zones rurales) et que l’ARCEP « le sait parfaitement ». Aussi s’étonne-t-il de la sortie de l’ARCEP, qui est susceptible « d’inquiéter les populations concernées une année à l’avance ».

Dans un communiqué un peu plus détaillé, Bouygues « prend acte » des remarques adressées par l’ARCEP mais tient à faire part de « son étonnement » vis-à-vis de cette procédure, alors qu’il reste plusieurs mois avant le 17 janvier 2017 et qu’une alliance a justement été forgée avec SFR pour atteindre dans les temps le niveau de couverture exigé par l’ARCEP dans les zones rurales.

Au passage, Bouygues Télécom tient à rappeler qu’il ne faut pas non plus croire que seules les fréquences de la bande 800 MHz desservent les zones faiblement peuplées. D’autres fréquences (1800 MHz, 2,6 GHz) sont aussi amenées à arroser ces régions. Bouygues regrette ainsi que l’ARCEP omette ce point, ce qui laisse « entendre de façon inexacte que la couverture 4G de Bouygues Télécom serait déficiente ».

À la mi-février, Bouygues Télécom annonçait que son taux de couverture de la population française vivant en métropole atteint 75 % dans le domaine de la 4G. Une couverture qui concerne donc surtout ceux qui vivent dans les principales agglomérations françaises, c’est-à-dire là où se concentre la population.

Source : Numerama

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