Les ayants droit envoient toujours plus de notifications à Google pour qu'il retire des liens menant à des contenus piratés. Si la firme de Mountain View répond favorablement à la majorité d'entre elles, cette approche illustre une certaine inefficacité des industries du divertissement à répondre aux causes du téléchargement. Mais plutôt que de s'y attaquer, certains veulent frapper plus fort et bannir des domaines entiers de l'index de Google.

Les notifications adressées à Google pour qu'il enlève de son moteur de recherche les liens menant à des fichiers piratés augmentent. Alors qu'il a fallu près de sept mois aux ayants droit pour atteindre le palier des 100 millions d'adresses à supprimer, il n'a fallu que quatre mois pour dépasser celui des 200 millions. Et dans l'extrême majorité des cas (99 %), Google efface effectivement les URL.

Le calcul, réalisé par Torrentfreak en compilant les données hebdomadaires fournies par Google dans son rapport d'activité, révèle ainsi une pression accrue des ayants droit sur le principal moteur de recherche en Occident. Vu la trajectoire actuelle, le nombre total des requêtes reçues par Google en 2013dans le cadre de la lutte anti-piratage pourrait bien dépasser la barre des 250 millions, avance le Guardian.

Très utilisé aux États-Unis (66 % de parts de marché) et en Europe (plus de 90 % dans les principaux pays), Google est évidemment en première ligne pour répondre aux demandes des ayants droit. S'il existe bien d'autres moteurs de recherche, ces derniers sont très peu utilisés. Les ayants droit préfèrent, par pure tactique, se concentrer là où le retrait d'un lien sur Google empêchera le plus grand nombre d'y accéder.

En la matière, c'est l'industrie musicale qui sollicite le plus Google. La British Phonographic Industry (BPI), qui défend les intérêts de l'industrie du disque au Royaume-Uni, a dénoncé 43 millions de liens depuis un an. Aux États-Unis, la RIAA a signalé de son côté 31 millions d'adresses web. Mais en tout, ce sont 29 434 ayants droit qui ont demandé le retrait de liens issus de 295 726 domaines.

L'inflation du nombre de notifications adressées à Google signifie-t-elle l'efficacité de la stratégie des ayants droit ou est-elle le signe que le partage en ligne est de plus en plus prisé par les internautes et que l'approche de l'industrie culturelle est absurde ? En tout cas, le milieu du divertissement tend à penser qu'il faut revoir cette tactique. Mais l'alternative risque de provoquer une levée de boucliers.

Bannir le domaine entier

Les ayants droit souhaiteraient non plus obtenir le retrait d'un lien menant à du contenu piraté, mais le bannissement pur et simple du domaine entier s'il s'avère que celui-ci relaie surtout des fichiers sans autorisation des ayants droit. C'est en tout cas le souhait d'un cadre de la RIAA, qui suggère en d'abandonner la frappe chirurgicale (lien par lien) au profit du tapis de bombes (tout le domaine).

Google, qui est lié à l'industrie du divertissement dans le cadre de plusieurs de ses services en ligne, répondra-t-il favorablement à l'idée de bannir tout un domaine, parce qu'un ayant droit assure que celui-ci contient surtout des œuvres piratées ? Cela reste à voir : certes, l'entreprise a intérêt à contribuer à la lutte anti-piratage, quitte à masquer certains résultats.

Mais encore faut-il que la requête soit fondée. Google refuse ainsi de suspendre de son index les pages ne contrevenant pas directement au droit d'auteur (comme la page d'accueil de The Pirate Bay, à la différence de celle d'ExtraTorrent). Mais comme toute politique, celle-ci peut souffrir d'exception. Et finalement être abandonnée plus tard.

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