Il y a cinq ans de cela, MusOpen a vu le jour avec une ambition : puiser dans les plus grands chefs d’œuvre de la musique classique pour les verser dans le domaine public. Comment ? En recrutant un orchestre symphonique qui aura pour mission de jouer les partitions de compositeurs de renom, tandis que MusOpen se chargera d’enregistrer l’interprétation.
Les droits voisins
Le but de MusOpen est d’offrir une alternative libre et gratuite aux amoureux de la musique classique, car si les livrets des grands compositeurs de musique précédant le 20ème siècle sont entrés dans le domaine public, ce n’est pas forcément le cas des interprétations. Via le mécanisme des droits voisins, un orchestre jouant tel ou tel répertoire dispose de droits pendant cinquante ans.
Sous ce régime, la reproduction de ces enregistrements est donc interdite même si le compositeur lui-même est mort depuis des lustres. En conséquence, les œuvres de musique classique qui sont proposées en boutique ou sur les plateformes de téléchargement légal sont rarement régies par les spécificités du domaine public, qui autorise par exemple leur libre diffusion.
Objectif Frédéric Chopin
Comme le fait remarquer l’un des membres de notre forum, MusOpen demeure plus que jamais engagé dans sa mission. Après une campagne réussie l’année dernière, permettant de récolter près de 70 000 dollars auprès des internautes, somme qui a servi à rémunérer les musiciens de l’orchestre recruté pour l’occasion, MusOpen compte mener à bien un autre projet : Frédéric Chopin.
Une nouvelle page Kickstarter a été ouverte avec un objectif ambitieux. Si le seuil précédent était de 11 000 dollars, celui-ci est fixé à 70 000. Et pour l’occasion, MusOpen annonce que les interprétations seront effectuées par des pianistes ayant participé au concours international de piano Frédéric-Chopin, mais aussi par des professionnels, des étudiants de conservatoires prestigieux et des professeurs.
Comme pour les autres fois, il a fallu que MusOpen explique précisément le but poursuivi par son projet aux musiciens concernés afin de les persuader de renoncer à leurs droits pour les reproductions et diffusions qui découleront de leur travail. Tout comme avec les orchestres, ils seront payés forfaitairement pour leur interprétation pendant la période de l’enregistrement.
Une initiative qui soulève des critiques
L’initiative menée par MusOpen soulève des critiques. D’aucuns font remarquer qu’au regard des sommes récoltées à travers les différents financements participatifs, le collectif ne peut qu’embaucher des orchestres de deuxième ou troisième rang. Idem pour les solistes Impossible de faire appel à l’orchestre philharmonique de Londres par exemple, sauf à consommer tout l’argent pour enregistrer un seul morceau.
En recrutant un orchestre moins prestigieux, MusOpen ne peut évidemment pas bénéficier de son aura médiatique. Si les formations londoniennes sont très réputées dans le monde entier, comme le LSO, celles engagées par MusOpen sont moins connues. D’aucuns affirment même que leur interprétation ne sera d’une qualité exceptionnelle ou que des déchets sonores viendront perturber l’écoute.
À cette dernière critique, MusOpen donne la possibilité au public de donner son avis. Sur son site, chacun peut attribuer une note à l’enregistrement et à l’interprétation (d’une à cinq étoiles).
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