Certains contes qui ont inspiré Disney ont beau être centenaires, la firme aux grandes oreilles a bien compris leur potentiel pour attirer les foules au cinéma. Depuis quelques années, les studios développent une quantité impressionnante de films live action, inspirés de leurs long-métrages d’animation les plus connus.
Et le public répond à l’appel : la bande-annonce du film La Belle et La Bête, dévoilée fin 2016, a pulvérisé en quelques heures le record de vues en 24 heures de Fifty Shades Darker et Star Wars Le Réveil de la Force, cumulant 127,6 millions de vues en une journée.
Cette force de frappe s’explique certainement par l’image familiale de Disney. Une image que l’entreprise américaine commence doucement à dépoussiérer, en accordant de plus en plus de place dans ses productions à la « diversité » (ajoutons mentalement un million de guillemets à ce terme). Ainsi, Disney s’est récemment illustré avec l’apparition d’héroïnes non blanches comme dans Vaïana, La Légende du bout du monde ou Tiana dans La Princesse et la Grenouille.
Une demande venue du public
Mais du côté du spectre de l’orientation sexuelle, Disney s’est pour l’instant fait plus timide, se contentant de sous-entendus plus ou moins explicites. Dans Zootopie, sorti il y un an, les spectateurs avaient ainsi pu faire la connaissance de Bucky et Pronk, deux antilopes mâles qui vivaient ensemble. Sans confirmer la nature de leur relation, Disney avait laissé un indice à l’attention des plus attentifs dans le générique de fin : les deux personnages partageaient le même nom de famille. Le Monde de Dory faisait pour sa part apparaître très brièvement deux femmes que le public imaginait lesbiennes mais le réalisateur s’était refusé à trancher sur la question.
En mai 2016, une campagne avait également émergé sur Twitter, sous le hashtag #GiveElsaAGirlfriend, témoignant du souhait du public voir Disney offrir pour la première fois à son public une héroïne lesbienne dans la suite de La Reine des Neiges, en affirmant l’orientation sexuelle d’Elsa.
Avec la sortie de La Belle et la Bête, Disney s’apprête à franchir une étape en mettant ouvertement en scène un personnage homosexuel. Interviewé par Attitude Magazine, le réalisateur Bill Condon vient en effet de dévoiler que le personnage de Lefou (incarné par Josh Gad) affichera clairement ses sentiments pour un autre protagoniste masculin du film, Gaston (Luke Evans), le courtisan insupportable de Belle. Une manière, selon Bill Condon, de donner plus de visibilité aux LGBT sur grand écran, et dans l’univers Disney.
« Il se rend compte qu’il a ces sentiments, a expliqué le réalisateur. Et Josh a réussi à en faire quelque chose de vraiment subtil et délicieux. C’est d’ailleurs ce qui porte ses fruits à la fin du film, que je ne peux pas dévoiler. Mais c’est un très beau moment, exclusivement gay, dans un film Disney. »
Un hommage au compositeur Howard Ashman
La portée symbolique de ce rôle est double puisqu’il rend aussi hommage à Howard Ashman, le compositeur homosexuel qui a collaboré à plusieurs dessins-animés de la firme dont La Petite Sirène. Atteint du sida, il est décédé en 1991 sans avoir pu découvrir La Belle et la Bête au cinéma alors qu’il avait contribué à l’écriture de ses chansons devenues cultes.
En 1992, son compagnon avait récupéré l’Oscar qui lui avait été attribué à titre posthume pour la meilleure chanson originale dans La Belle et la Bête.
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