La saga Resident Evil est de retour avec un septième opus canonique en forme de retour aux sources. Cristallisant de nombreuses attentes, il ne déçoit pas et assume le renouveau.

Née sur PlayStation en 1996, la saga Resident Evil aura tout vu, tout connu. Déclinée à toutes les sauces, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire (les spin-off opportunistes, les films médiocres), elle souhaite s’offrir une petite cure de jouvence avec un septième opus canonique annoncé à l’E3 2016 — avec une démo jouable — pour un lancement rapide.

Surfant sur la vague de ce que l’on pourrait appeler le new-age du survival-horror (vue à la première personne façon Outlast que Konami a voulu lancer avec feu Silent Hills), Resident Evil 7: Biohazard amorce un retour aux sources après une période durant laquelle les critiques essuyées pleuvaient autant que les dizaines et les dizaines de monstres pourrissant sur le sol. Une métaphore matérialisant l’orientation action décriée par certains.

Mais est-ce qu’on en veut de ce fameux retour aux sources ? Oui, assurément. Surtout au vu des qualités du titre signé Capcom.

Resident Evil 7

Frissons garantis

Loin de nous l’envie de gâcher l’histoire de ce Resident Evil 7: Biohazard. Mais notre analyse oblige à affirmer qu’elle fait énormément penser au film culte Massacre à la Tronçonneuse, autant dans son ambiance malsaine que par son déroulé en forme de plongeon dans l’enfer. L’atmosphère dégagée est assurément la plus grande réussite, nourrie par une direction artistique crasseuse (pauvre Louisiane), une narration qui n’en fait jamais trop et un habillage sonore qui sait y faire à chaque instant (le souffle du héros qui n’en finit pas, le craquement du bois, les cris).

A priori, certains auront peur et nous irions même jusqu’à dire que les moins courageux n’iront pas au bout. Nous sommes également tenus de dire que nous cherchons encore des liens concrets avec Resident Evil en tant que licence. Les clins d’œil ne manquent pas, bien sûr, et ils feront plaisir aux initiés. Mais ne vous attendez pas à croiser des têtes connues ou des éléments explicites. Si Resident Evil 7: Biohazard amorce une nouvelle trilogie, il le fait très bien. C’est le principal.

Du côté du gameplay, Resident Evil 7: Biohazard fait dans la révolution sur la forme. Les premiers RE ont bâti leur réputation avec une vue à la troisième personne, laquelle a reçu de multiples évolutions au gré des années. Le nouveau venu balaie cet héritage d’un revers en plongeant le joueur dans la peau du héros, prénommé Ethan au passage.

C’est un paradoxe à mettre en parallèle du retour au source, concrétisé, avant tout, par une unité de lieu rappelant Resident Evil premier du nom. Dans tous les cas, cette fameuse première personne renforce l’immersion et gomme les défauts typés TPS des ancêtres. Dans le même temps, elle parvient à conserver le feeling de la licence lors des séquences de tir. D’une manière plus générale, Resident Evil 7: Biohazard respire la nostalgie dans la construction de l’aventure, dont on regrettera juste un dernier tiers en dessous des autres… trop bateau.

Resident Evil 7

Souvenirs, souvenirs

On retrouve donc pas mal d’éléments, sinon arguments, de la première trilogie Resident Evil : la gestion de l’inventaire avec les sacrifices qui en découlent, les clefs à récupérer pour ouvrir certaines portes, l’obligation d’économiser ses munitions pour ne pas tomber en rade ou encore les énigmes. Ces dernières sont excellemment bien pensées puisqu’elles ne sont ni trop difficiles, ni trop évidentes, souvent capables de tromper le joueur, rendant le jeu plus intelligent qu’il n’y paraît.

D’aucuns y passeront peut-être un peu plus de temps que d’autres mais personne ne devrait rester bloqué trop longtemps. On pourrait aussi ne pas tarir d’éloges sur les cassettes vidéo offrant des flashbacks jouables, qu’ils soient optionnels ou non. Elles sont une excellente manière de renforcer ludiquement la narration — comprenez par-là en impliquant davantage le joueur

Dans ce marécage de qualités, la partie action apparaît comme le seul vrai bémol de Resident Evil 7: Biohazard. On apprécie le stress des choix à effectuer quand il faut équiper et compter ses balles et le côté vicieux des monstres à démembrer, toujours enclins à lancer une esquive au dernier moment pour tromper la visée. On aime beaucoup moins devoir vider un chargeur sur un ennemi quand le même ennemi quelques heures plus tôt ou plus tard n’en demande pas autant (ce fut déjà le cas dans les anciens titres). Toujours au rang des déceptions, les boss ne sont pas tous logés à la même enseigne et n’accouchent que trop rarement d’une difficulté à la hauteur de ce qu’ils montrent en apparence.

Resident Evil 7: Biohazard // Source : Capcom

Beau comme un diable

À ce parfum madeleine de Proust, Capcom associe des ingrédients s’inscrivant dans la génération actuelle. Il y a d’abord ces graphismes qui jouent dans l’efficacité plutôt que le tape-à-l’oeil. Il y a aussi cette technologie HDR qui se marie à merveille avec les rares lueurs, souvent en forme d’espoir, qui fleurissent dans ces rives d’une noirceur horrible. En faisant briller les lumières, c’est tout le reste qui en ressort grandi et, même sans effet wahou, Resident Evil 7: Biohazard tire son épingle du jeu. On soulignera par ailleurs sa propreté technique — sur PlayStation 4 Pro du moins — tout en regrettant ces longs temps de chargement venant quelque peu ternir le tableau (heureusement qu’on ne meurt pas souvent).

À une époque où le genre open-world commence à écœurer, vivre une expérience courte mais intense fait du bien

En combien de temps se termine le survival-horror faisant rêver, au sens figuré, et cauchemarder, au sens propre ? Cela peut aller très vite (moins de sept heures dans notre cas) en gardant à l’esprit qu’il y a matière à y passer du temps supplémentaire. Les indispensables collectibles, y compris les fichiers de lecture à ramasser, s’associent à des secrets pour permettre aux adeptes du 100 % d’explorer les environnements de fond en comble. L’appel du speed-running, autre héritage, et la difficulté débloquée au générique de fin parachèvent les opportunités de replay-value.

À une époque où le genre open-world commence à écœurer, vivre une expérience courte mais intense fait du bien.

Resident Evil 7

Le coin VR

Terminons par le petit (gros ?) bonus de Resident Evil 7: Biohazard, soit la possibilité d’y jouer en réalité virtuelle via le PlayStation VR. Pensé pour s’en accommoder sans sourciller, le gameplay offre d’excellentes sensations, qui s’affirmeront d’autant plus un soir d’hiver, dans une immersion totale (notamment les scènes viscérales). Certes, on perd grandement en qualité graphique à cause de la résolution moindre et des textures plus baveuses mais le résultat demeure suffisamment agréable et confortable pour que l’on n’en tienne pas trop rigueur.

Plus important, le motion sickness est contenu et, en prime, Capcom a pensé à une myriade d’options pour ajuster son confort (à l’instar de la vitesse de déplacement). L’autre bonne nouvelle vient des sauvegardes partagées au cas où vous ne supporteriez plus la réalité virtuelle. Avoir le choix, c’est toujours un plus indéniable.

Resident Evil 7: Biohazard est disponible à partir de 64 € sur PS4 et Xbox One. Mais pas sur Switch.

Le verdict

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8/10

Resident Evil 7: Biohazard

Resident Evil est bel et bien de retour aux affaires. Après avoir arpenté le genre action dans sa trilogie 4-5-6, le septième opus renoue avec les origines en misant sur la première personne pour retrouver des sensations perdues. La réussite est pleine et peut-être appréciée sous pas mal de prismes, dont celui de la réalité virtuelle grâce au PlayStation VR (frissons garantis). 

Entre héritage et modernité, Resident Evil 7: Biohazard s'impose donc comme le renouveau dont la franchise avait besoin. On regrettera juste le manque de liens concrets et évidents avec l'arc canon et on laissera le bénéfice du doute à ses suites, si suite il y a. En tout cas, l'éventuelle première pierre ainsi posée est d'une solidité presque sans faille. À Capcom de la polir dans les années à venir. 

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