Sony a perdu la bataille du téléchargement de musique contre Apple. Le fabricant d’électronique compte désormais s’attaquer au téléchargement de vidéo, un créneau porteur mais déjà disputé par de nombreux groupes. Sony arrivera-t-il à faire la différence ? La question devrait sceller le sort de son PDG Howard Stringer, que tout le monde attend au tournant.

La fermeture de la plateforme de téléchargement de Sony figurait la résignation du fabricant japonais à battre Apple sur son propre terrain : la musique et les baladeurs qui vont avec. Le couple iTunes Music Store et iPod avait donc eu raison de Sony Connect est de ses baladeurs rivés sur le format propriétaire ATRAC3.

Mais Sony ne semble pas avoir pour autant abandonné la stratégie qui a fait le succès d’Apple, et pourrait revenir à l’attaque cette fois-ci sur le terrain de la vidéo. Le créneau est aussi risqué que prometteur. En effet, nombre d’analystes, comme la société d’étude marché Park Associates ou ABI Research, estiment qu’avec la montée en vitesse des connexions, le marché de la VOD pourrait dépasser celui de la musique numérique. Mais aussi risqué car de nombreux prétendants se disputent déjà le gâteau, entre Vuze, BitTorrent, Blockbuster, Amazon, Microsoft, et bien sûr Apple.

Mais Sony a quelques atouts dans sa poche. D’abord la qualité, qui a souvent été le précepte du fabricant face à ses concurrents à l’image de la PS3 par rapport à la XboX 360 ou la Wii. Pour ce qui relève de la vidéo, cela se traduit par exemple par le fait de miser sur la qualité de contenu plutôt que la quantité afin de différencier Crackle de YouTube. Une optique qui pourrait se révéler payante à l’avenir si l’on en croit l’analyste Kurt Scherf, qui désigne la « véritable clé » comme « celui qui fournira la meilleure définition aux spectateurs ».

Un autre facteur qui pourrait jouer en la faveur de la multi-nationale est la volonté grandissante chez les ayants droit de mettre un terme au poids d’Apple sur le marché, qui lui permet de faire plier n’importe qui en imposant sa volonté. Pour preuve, ces derniers conflits de la pomme qui ont aboutit aux ruptures de contrat avec Universal Music ou encore NBC Universal. Sony, qui a dû essuyer de son côté la fermeture de quelques uns de ses studios, est bien placé pour comprendre les soucis des ayants droit et s’attirer leur sympathie.

La stratégie serait doublement avantageuse pour Sony car elle pourrait aussi l’aider à redonner un coup de fouet aux ventes de la PS3, qui a engloutit d’énormes investissements sans que les résultats aient été à la hauteur de ses espérances. Elle suivrait ainsi la voie prise par Microsoft concernant l’intégration de la VOD dans sa XboX 360.

Mais plus loin que la PS3, son service de téléchargement de vidéo concernerait les équipements de Sony de manière plus large, comme la PSP ou ses télévisions HD Bravia. On peut d’ailleurs déjà constater les premiers signes de cette évolution : la commercialisation la semaine dernière de son premier baladeur MP3 capable de lire des vidéos, ou encore l’intégration dans ses modèles américains (et japonais pour cet automne) de télévisions d’un module leur permettant de télécharger du contenu sur Internet.

Bref, le téléchargement de vidéo sera le test ultime pour Howard Stringer dans cette épreuve de force avec Apple. Depuis l’échec de sa tentative de battre l’iPod avec son balladeur et l’abandon complet de ses projets de téléchargement de musique, tout le monde attend de voir si le PDG de Sony arrivera à investir avec succès un nouveau terrain de développement.

Des personnes proches de Stinger auraient rapporté sa volonté d’adopter, malgré les protestations de certains cadres, un système de DRM qui pourrait être utilisé dans tous les produits Sony, ceci afin de s’assurer que la nouvelle stratégie soit portée par l’ensemble de son écurie. La perspective semble bien risquée lorsque l’on sait que ces DRM ont justement rebuté les consommateurs à adopter ses baladeurs et que la tendance actuelle serait plutôt à l’abandon de ces protections.

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