Enfin des conséquences pour NSO Group, l’entreprise derrière le logiciel espion Pegasus ? L’AFP rapporte que le ministre de la Défense israélien Benny Gantz a confirmé à la ministre des armées Florence Parly que des « représentants officiels s’étaient rendus mercredi dans les bureaux de NSO » et que « Israël prenait les allégations au sérieux. » Le compte Twitter du ministère de la Défense israélien a aussi fait une annonce publique similaire [traduite de l’hébreu au français par un outil automatique, ndlr] : « des représentants d’un certain nombre d’organismes sont venus aujourd’hui à la société NSO pour examiner les publications et les allégations soulevées dans son cas. »
Ces déclarations du 28 juillet font suite à la publication de l’enquête « Projet Pegasus » dix jours plus tôt, par plus de 16 médias réunis par Forbidden Stories et ONG Amnesty. À partir d’une liste exclusive de plus de 50 000 cibles potentielles du logiciel espion, les enquêteurs ont collecté de nouvelles preuves de l’utilisation abusive de Pegasus, qui s’était déjà fait connaître pour des scandales similaires ces dernières années.
Face aux accusations, NSO Group défend comme toujours que son logiciel espion ne serait utilisé qu’à des fins de lutte contre le terrorisme et contre les criminels, et il continue à mettre en avant ses prétendus garde-fous. Sa communication tente de profiter des doutes autour de la liste au centre de l’enquête (dont l’origine n’est pas précisée), mais elle échoue par ses incohérences. Par exemple, NSO affirme d’un côté que Emmanuel Macron n’a pas été ciblé par Pegasus, et de l’autre, prétend qu’il ne connaît pas les cibles de ses clients. Deux postulats qui ne peuvent pas être vrais en même temps.
Pas de perquisition, mais une «visite »
Interrogé sur la « visite » du ministère par The Record Media, un porte-parole de NSO a confirmé les faits et de nouveau joué la carte de la vertu : « Nous nous félicitons de cette inspection (…) L’entreprise travaille en toute transparence avec les autorités israéliennes. Nous sommes confiants que cette inspection va prouver que les faits sont tels que déclarés de façon répétée par l’entreprise contre les fausses allégations faites contre nous lors des récentes attaques médiatiques. »
Les deux partis n’ont pas donné plus d’information sur le détail de leurs échanges ni sur la nature du passage des autorités. Mais c’est bien d’une simple « visite » qu’il s’agit, et non d’une perquisition ou d’un audit complet, ce qui questionne sur la volonté du gouvernement israélien à intervenir dans l’affaire. Pourtant, il a un rôle primordial à y jouer.
La justice israélienne a refusé les accusations contre NSO en 2020
Pour exporter ses logiciels offensifs dans les démocraties occidentales, NSO a besoin de s’enregistrer auprès du régulateur israélien afin d’obtenir une licence d’exportation. Cette autorisation est soumise à un ensemble de règles, censées protéger contre des utilisations abusives d’outils comme Pegasus. Le fait que le gouvernement n’ouvre pas une véritable enquête laisse entendre qu’il pense que NSO est resté dans les clous du droit. Le Monde, participant au Projet Pegasus, dénonce le «coupable laisser-faire » de l’État d’Israël.
Le pays excelle dans l’industrie de la Défense grâce à des partenariats avancés entre gouvernements, universités, et secteur privé. NSO fait partie des fleurons de son industrie, et reconnaître les abus affecterait forcément le secteur. Mais quoiqu’il en soit, les précédentes tentatives de mettre fin aux débordements de Pegasus avaient conduit à des échecs. Comme le rappelle The Record Media, en 2019, des groupes de défense des droits de l’Homme avaient réuni des preuves des abus de NSO dans l’espoir de faire révoquer sa licence d’exportation par le gouvernement. Mais la justice israélienne avait rejeté la demande en juillet 2020.
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