En l'état actuel de ses conditions d'utilisation, Facebook s'oppose à l'inscription de mineurs de moins de treize ans. "Vous n’utiliserez pas Facebook si vous avez moins de 13 ans", annonce le réseau social, qui se réserve le droit d'intervenir unilatéralement pour faire respecter ses règles. En 2011, le site communautaire annonçait exclure près de 20 000 usagers par jour en raison de leur jeune âge.
Mais Facebook a-t-il vraiment les moyens de s'opposer à l'inscription des plus jeunes sur son service ? Quoiqu'on puisse penser du site, il faut lui reconnaître un fort pouvoir attractif. Et ce qui compte, en général, pour un jeune internaute, c'est la perspective de retrouver ses amis et ses proches sur Facebook. Pas les préoccupations des adultes sur les problématiques de confidentialité et de respect de la vie privée.
Les études soutiennent ce point. Les internautes sont de plus en plus jeunes à vouloir être sur Facebook, quitte à tricher en tapant une date de naissance qui passera le filtre du site. Selon une enquête menée en 2011 aux USA, 46 % des enfants de 12 ans et 62 % des enfants de 13 ans se trouvent sur Facebook. Et ce phénomène n'est pas propre aux États-Unis : il se retrouve en Europe, et plus particulièrement en France.
Facebook n'a pas de solution miracle
Que faire, alors ? Facebook n'en sait trop rien : lors d'une conférence dans le cadre de l'Oxford Media Convention, le directeur en charge des politiques publiques au Royaume-Uni et en Irlande a reconnu que le site était impuissant face aux inscriptions incessantes des mineurs de moins de treize ans, même en suspendant plusieurs dizaines de milliers de comptes par jour.
"Facebook a une règle qui expose que les usagers doivent avoir plus de treize ans, tout comme YouTube, ce que peu de personnes savent". Pourquoi le site a écrit une telle règle, s'il n'est pas capable de pouvoir la faire respecter complètement ? C'est parce que la législation américaine l'y contraint. Par commodité, Facebook a donc choisi de placer cette règle dans ses conditions d'utilisation.
"Ce n'est pas parce que nous pensons que Facebook est risqué mais parce qu'il y a une loi américaine sur la protection des enfants sur Internet. Nous avons donc une règle globale". La loi en question est la Children's Online Privacy Protection Act (COPPA), qui nécessite le consentement de la personne exerçant l'autorité parentale pour autoriser la collecte d'informations sur les mineurs de moins de treize ans.
Quand les parents donnent un coup de main
"Je suis très bien au courant des rapports indiquant que beaucoup d'enfants âgés de 11 et 12 ans, quand ils ne sont pas encore plus jeunes, ont des comptes Facebook et mentent sur leur âge lors du processus d'inscription en ligne… avec parfois l'aide active des parents" poursuit le représentant du réseau social. "En l'état, il est de plus en plus difficile de savoir quoi faire".
"Vous ne pouvez pas demander à chacun de prouver son âge…cela ferait bondir les défenseurs de la vie privée". Et si lui interdit à sa progéniture de s'inscrire sur la plateforme, il comprend le choix d'autres parents qui autorisent ou aident leurs enfants à s'inscrire et se refuse à les "blâmer". Même si ce comportement n'est pas encouragé et qu'il est, dans les faits, combattu.
Facebook fait son maximum pour protéger les mineurs
En définitive, Facebook "n'a pas de solution pour éradiquer le problème des usagers n'ayant pas l'âge requis". Cependant, le réseau social fait son possible pour protéger les mineurs déjà inscrits, en se montrant par exemple très strict à l'égard de tout contenu érotique, pornographique ou représentant la nudité. Un rôle que le site veut conserver et ne surtout pas déléguer à une société externe.
Le site s'efforce aussi de combattre le harcèlement, l'automutilation et de prévenir les tentatives de suicide. Ces phénomènes touchent en particulier les mineurs et peuvent trouver au sein du réseau social une sorte de caisse de résonance. Le réseau social a ainsi tissé au fil des ans des liens avec des associations spécialisées et les régulateurs nationaux pour venir en aide aux jeunes en difficulté.
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