Facebook a décidé de restreindre temporairement les options de partage dont dispose la chaîne de télévision Russia Today (RT) sur sa propre page. La raison ? Le réseau social la sanctionne pour avoir piraté une diffusion en direct.

Gare aux écarts de conduite, Facebook veille au grain ! Alors qu’a lieu cette semaine la passation de pouvoir entre Barack Obama et Donald Trump, le réseau social a décidé d’empêcher provisoirement la chaîne de télévision russe Russia Today (RT) de publier normalement ses articles sur le site communautaire américain. La raison ? Facebook juge que RT a piraté une conférence de presse du président sortant.

C’est ce qui ressort d’un message posté par la chaîne. « Nous avons été bloqués alors que nous étions en train de diffuser en direct la dernière conférence de presse d’Obama. Des choses de ce genre arrivent lorsque, par exemple, d’autres médias présentent le même flux et les mêmes images, et Facebook considère ça comme une infraction du copyright », écrit la TV russe dans un statut.

RT doit donc pour l’instant se débrouiller avec un accès restreint au site américain. En effet, si sa page n’est pas complètement bannie, la chaîne ne peut pour l’instant que partager des statuts sous forme de texte avec néanmoins la possibilité d’ajouter des liens mais sans aucune mise en forme. Tout le reste (directs, vidéos, articles, images animées…) est proscrit.

La sanction durera jusqu’au samedi 21 janvier, avec une levée prévue en soirée. Cela étant, Russia Today cherche dès à présent à obtenir un retour à la normale auprès du site, ce qui pour l’instant n’a pas donné grand chose : les dernières publications sur sa page sont en effet toujours extrêmement dépouillées, signe que le réseau social n’a pas renoncé à punir RT jusqu’à ce week-end.

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On notera que l’interdiction empêchera Russia Today de partager correctement son point de vue sur l’investiture de Donald Trump, qui aura lieu le 20 janvier. RT pourra certes alimenter son site web et répandre ses actualités sur les réseaux sociaux, mais sa visibilité sera amoindrie sur le site communautaire de Mark Zuckerberg, faute de visuels accrocheurs pendant quelques jours.

Pour autant, il n’apparaît pas que les deux évènements soient liés. À supposer que Facebook agisse en sous-main de Washington, ce qui n’est pas démontré dans cette affaire même si cette hypothèse ne manquera pas d’être avancée par les partisans de RT, on ne voit pas très bien l’intérêt de restreindre la visibilité de RT pendant de l’investiture, alors que tous les jeux sont faits.

Influence russe

Une action lors de la campagne électorale aurait eu plus de logique. De toute façon, l’audience de RT aux USA n’est pas suffisamment élevée pour être un enjeu — juste 8 millions pour une population en comptant quarante fois plus. En Europe par contre, la chaîne atteint bien plus de téléspectateurs : 36 millions. Sans doute que la proximité géographique joue davantage.

En Occident, RT fait l’objet de vives critiques car elle accusée de ne servir que la politique étrangère de la Russie au détriment des faits.

Yascha Mounk, de l’université Harvard, qui s’est efforcé lors d’une interview de contrer la stratégie d’influence de RT, l’a présente comme « l’un des principaux outils de propagande du pouvoir russe. Financée par le Kremlin, la chaîne agit comme la plus farouche supportrice de Vladimir Poutine en refusant poliment, par exemple, de traiter des répressions à l’intérieur de ses frontières ».


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