Mise à jour à 14h30 : Women on Web a indiqué le 12 mai 2017, peu après 13 heures, que sa page Facebook était à nouveau accessible. « Après plus de vingt-quatre heures, nous sommes de retour sur Facebook ! Nous apprécions le soutien que nous avons eu de la part de nombreuses personnes et organisations qui ont pris la parole en faveur de la liberté d’expression et des droits humains des femmes », s’est réjouit le collectif dans une publication.
Après s’être fait remarquer fin 2016 pour sa pudibonderie à l’égard de la nudité féminine, Facebook vient de censurer une page sur sa plateforme, destinée aux femmes qui souhaitent avorter par voie médicamenteuse. Pour le réseau social, celle-ci ferait en effet la « promotion ou l’encouragement de la consommation de drogues », précise The Guardian.
La page en question est celle de Women on Web, une « communauté en ligne formée par un réseau de femmes qui ont avorté et d’individus et d’organisations qui soutiennent les droits à l’avortement ». Situé à Amsterdam aux Pays-Bas, ce collectif à dimension internationale répond chaque jour aux e-mails de femmes qui souhaitent s’informer au sujet de l’IVG. Le site met ainsi en relation des femmes avec des médecins qui peuvent leur fournir des médicaments pour avorter, y compris dans des pays ou ce droit est fortement limité.
Une association sœur dénonce le blocage
Women on Web travaille conjointement avec Women on Waves, une association qui œuvre également en faveur de l’avortement non-chirurgical. Le collectif a organisé plusieurs voyages en bateau, afin d’offrir ses services aux femmes dans les eaux internationales, ce qui leur accorde la protection des lois néerlandaises. Women on Waves a publié le 11 mai 2017 sur sa propre page un message pour annoncer que la page de Women on Web avait été censurée.
« Chers tous, notre organisation sœur Women on Web a été censurée par Facebook sous l’accusation d’ « encouragement à la consommation de drogues ». Women on Web fournit des informations vitales à des milliers de femmes dans le monde entier. Sa page Facebook publie des nouvelles, des informations scientifiques, et les protocoles de l’Organisation Mondiale de la Santé, et Women on Web a répondu à plus d’un demi million de courriels aux femmes qui avaient besoin d’informations scientifiques et précises pour leur santé et leur vie. Nous attendons que Facebook revienne sur cette action rapidement, car l’accès à l’information est un droit humain », indique le message.
Ce n’est pas la première fois que Women on Web fait l’objet d’une censure de la part de Facebook. En janvier 2012, le réseau social avait supprimé la photo de profil de Rebecca Gomperts, la fondatrice des deux collectifs. En effet, cette image représentait des instructions pour réaliser un avortement à l’aide du misoprostol, un médicament utilisé pour soigner les ulcères d’estomac ; il est également employé, bien qu’il n’ait reçu aucune autorisation pour cet usage, dans le cadre d’interruptions volontaires de grossesse.
Nous attendons que Facebook revienne sur son action, car l’accès à l’information est un droit humain
La censure de l’image de Rebecca Gomperts avait entraîné le blocage de son compte pendant deux jours, avant que Facebook ne présente finalement des excuses et réactive la visibilité du compte et de l’image.
Avec presque deux milliards de membres actifs sur sa plateforme, Facebook joue un rôle incontestable dans la diffusion de l’information. Sa politique de blocage de certains contenus n’est pas sans poser question : récemment, le réseau social a censuré une photo historique, sans émettre aucun regret ou souhait de revenir sur cette décision.
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