Le gouvernement a lancé ce mercredi son application SAIP (Système d’alerte et d’information des populations), qui doit permettre aux citoyens de recevoir des alertes lors qu’ils se trouvent physiquement à proximité d’une zone de danger provoquée par une catastrophe, qu’ils s’agisse d’un attentat, d’un accident industriel ou d’une catastrophe naturelle.
L’application a certainement son utilité mais s’agissant d’une application éditée par le ministère de l’Intérieur, qui repose sur la géolocalisation des utilisateurs, la question des données personnelles collectées se pose nécessairement. On devient facilement paranoïaque à l’idée que Bernard Cazeneuve et ses services de renseignement puissent accéder aisément à la géolocalisation des utilisateurs, pour exploiter les données à des fins moins avouables que la sécurité des personnes.
Qu’en est-il des données personnelles ?
Sur les conditions d’utilisation de l’application qu’il faut accepter, il n’y a aucun mot concernant une éventuelle autorisation de la CNIL, ou une déclaration. La question du traitement des données personnelles des utilisateurs n’est pas du tout abordée.
Et pour cause. Le gouvernement repose sur une technologie brevetée achetée auprès de l’entreprise française Deveryware, qui assure être capable d’envoyer des alertes géolocalisées sans faire remonter des informations vers ses serveurs. Nous n’avons pas réussi à joindre l’entreprise pour en savoir plus sur cette technologie mais l’on peut supposer que le traitement est réalisé localement sur le téléphone mobile.
Il n’y a donc a priori rien à craindre
Ce n’est pas l’utilisateur qui va signaler sa position à Deveryware, mais plutôt Deveryware qui va envoyer à l’application toutes les nouvelles alertes, et l’appli n’affiche que celles qui concernent éventuellement l’utilisateur, d’après ses coordonnées GPS. « Aucune remontée d’information relative aux utilisateurs n’est opérée même en cas de géolocalisation », assurent ainsi les services du ministère de l’Intérieur.
Il n’y a donc a priori rien à craindre, d’autant que l’application ne demande aucune inscription préalable et ne fait pas remonter le numéro de téléphone.
Le droit de faire évoluer l’application à tout moment
On notera toutefois, si l’on est tout à fait paranoïaque, que le ministère de l’Intérieur se réserve le droit de faire ce qu’il veut de l’application à tout moment.
Il est en effet écrit dans les CGU que « la liste des fonctionnalités de l’Application est susceptible d’évoluer, le ministère de l’Intérieur se réservant la possibilité d’ajouter ou supprimer des services ». Puis, ce qui est hautement discutable sur le plan juridique, que les conditions d’utilisation « étant susceptibles d’évoluer, l’Utilisateur est invité à les consulter régulièrement, toute nouvelle version lui étant immédiatement opposable ».
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