Il faudra sans doute patienter plusieurs années avant de voir le chiffrement par défaut sur Android être aussi répandu que sur iOS. En effet, le système d’exploitation mobile conçu par Google est confronté à des problématiques que ne connaît pas Apple avec sa propre plateforme, ou du moins pas dans les mêmes proportions. Dès lors, la firme de Mountain View n’est pas du tout capable de déployer le chiffrement des terminaux aussi vite que sa rivale de Cupertino.
Pour l’heure, des experts cités par le Wall Street Journal estiment que le chiffrement ne concerne que 10 % des smartphones fonctionnant avec Android, alors que celui-ci est d’ores et déjà présent dans 95 % des terminaux iOS vendus par Apple. C’est un écart gigantesque, mais qui s’explique aisément : Google a fait le choix de fournir un OS ouvert et de laisser le soin à des tiers de fabriquer des terminaux, là où Apple prend en charge de A à Z la conception de l’iPhone et de son logiciel.
Résultat des courses, Google a fait du système d’exploitation Android un véritable empire, avec une part de marché d’environ 80 % dans les smartphones. Mais cet empire est loin d’être homogène : il y a plus de 400 constructeurs sur le marché et ces derniers proposent pas moins de 4 000 modèles différents. Du côté d’Apple, les choses sont nettement plus simples : il y a un seul fabricant et une poignée de modèles. Dès lors, il est bien plus facile de publier une nouvelle fonctionnalité.
C’est exactement ce qu’il s’est passé avec le chiffrement par défaut pour l’iPhone. L’option est en effet disponible depuis le 17 septembre 2014 pour le grand public, date à laquelle Apple a publié iOS 8. En date du 7 mars 2016, le taux d’adoption des deux versions les plus récentes du système d’exploitation (iOS 8 et 9) atteignait 79 %. Rien détonnant : Apple ne dépend pas de constructeurs tiers pour déployer une mise à jour vers les terminaux de ses clients.
Concernant Android, le chiffrement par défaut est arrivé une première fois avec la version 5 du système d’exploitation (Lollipop) mais a été provisoirement abandonné quand Google a remarqué que cette protection nuisait aux performances des smartphones. En fait, ce n’est qu’avec la sixième mouture de l’OS (Marshmallow) que la fonctionnalité a fait son retour. Le problème, c’est que le rythme d’adoption ne dépend pas que des usagers et de Google. Les fabricants sont aussi dans la boucle.
À l’heure actuelle, Android Marshmallow est déployé sur 2,3 % du parc des smartphones Android. C’est très, très peu. En effet, les constructeurs ne manifestent pas pas tous le même entrain à basculer les terminaux qu’ils vendent vers Marshmallow. Et lorsqu’ils le font, ils le font au fur et à mesure, selon un calendrier bien étalé dans le temps. En outre, tous leurs téléphones n’y ont pas droit. Les mobiles jugés obsolètes par les industriels sont souvent privés des dernières mises à jour Android.
Et ce n’est pas tout : pour que le chiffrement par défaut puisse être activé, il faut s’assurer que le terminal dispose des ressources techniques suffisantes pour que le processus de chiffrement et de déchiffrement soit aussi transparent que possible. Or, dans la mesure où l’écosystème est dispersé avec un nombre pléthorique de références, on devine facilement que tous les appareils ne présentent pas les mêmes qualités. Certains sont très haut de gamme, tandis que d’autres sont vraiment très loin derrière.
Ces problématiques, Apple ne les connaît pas avec son couple iOS et iPhone. L’entreprise n’a que quelques terminaux à gérer et sait très bien ce qu’il y a à l’intérieur. En outre, c’est elle qui a la maîtrise de la diffusion des versions de son système d’exploitation. Ce n’est pas le cas de Google, qui est certes à la tête d’un écosystème, mais dont l’évolution lui échappe en partie, même s’il dispose de certains leviers d’action.
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