Une page se tourne. Autrefois très populaire chez les internautes, DivX a été racheté par NeuLion, qui propose des outils de distribution vidéo en streaming. La marque légendaire pourrait disparaître.

Ca n'évoque peut-être plus grand chose à nos plus jeunes lecteurs, et pourtant le DivX fut longtemps à la vidéo ce que le MP3 est encore à la musique. Extrêmement populaire chez les internautes qui l'utilisaient pour ripper des DVD envoyés ensuite sur des serveurs FTP et échangés sur des réseaux P2P, le codec DivX avait été créé par le Français Jérôme Rota à la fin des années 1990, en modifiant le format ASF de Microsoft pour permettre d'utiliser le MPEG-4 dans un conteneur .avi.

Fort du succès de la marque pourtant très étroitement associée au piratage, Rota avait décidé de créer l'entreprise DivXNetworks, Inc., et tenté de rentrer dans le rang avec l'ajout du support des DRM, la signature d'accords de licences avec les fabricants de lecteurs multimédia, ou encore la création de services en ligne comme la plateforme Stage6, concurrente avortée de YouTube.

Mais dépassé par son alternative libre XviD et par le H264, DivX n'a jamais trouvé de second souffle. Racheté une première fois en 2010 par Sonic Solutions (désormais filiale de Rovi) pour 323 millions de dollars, DivX Inc. vient d'être revendu à NeuLion pour 62,5 millions de dollars, payés pour plus de la moitié en actions NeuLion, et pour le reste en obligations convertibles à deux ans. L'acheteur ne paye strictement en cash.

L'acquéreur souhaite surtout bénéficier des technologies d'encodage en 4K et HEVC de DivX pour étendre son portefeuille technologique, et semble prêt à supprimer à terme la marque DivX. L'actuel directeur de DivX Inc., Kanaan Jemili, dirigera NeuLion, tandis que la directrice de NeuLion, Nancy Li, deviendra vice-présidente du groupe.

La société DivX Inc a dégagé seulement 10,8 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2014 pour une perte sèche de 7,4 millions de dollars, même si elle affiche également des résultats "non GAAP" (non basés sur des règles compatibles standard) radicalement différents, de 26 millions de dollars de chiffre d'affaires et 3,5 millions de dollars de bénéfice EBITDA.

Quant à Jérôme Rota, il avait déjà quitté le navire, et fait fortune. Il travaille aujourd'hui pour PacketVideo, une filiale de l'opérateur japonais NTT Docomo.

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