Le 10 janvier 2016, David Bowie nous a quitté à 69 ans, après 18 mois de combat contre un cancer.

C’était forcément un piratage. Personne ne pouvait y croire quand les comptes Twitter et Facebook officiels de David Bowie ont annoncé simultanément le décès du chanteur. Et puis il y a eu la confirmation — un communiqué sur le site officiel, un tweet de son fils, Duncan Jones qui confirme la triste nouvelle. Et puis le relai nécessaire de l’information dans les médias pour des lecteurs, spectateurs et auditeurs qui ont du mal à y croire, car David Bowie, c’est bien connu, est immortel.

Difficile de se lancer dans un retour sur sa vie et ses influences, en musique, au cinéma, dans le jeu vidéo mais aussi autour de la conquête spatiale, sans imaginer devoir écrire des centaines de milliers de mots ou reproduire la scénographie admirable, au croisement de l’art et des technologies, de l’exposition qui lui est consacrée et qui avait fait l’ouverture de la Philharmonie de Paris. Ses nombreux biographes le feront beaucoup mieux que moi. Il y a pourtant dans mes souvenirs trois moments Bowie que je peux partager, en guise d’hommage, forcément maladroit compte tenu de l’œuvre totale produite et imaginée par l’artiste.

Le premier, c’est l’espace. À chaque lancement de fusée, à chaque actualité sur la conquête et l’exploration spatiale, à chaque fois que la Nasa ou l’Esa réalisent des prouesses, je n’ai que deux choses en tête : Pink Floyd, et David Bowie. Les premiers sont plutôt dédiés à l’espace lointain, à la conquête de l’infini et à l’incertain. Bowie, c’est quand SpaceX fait décoller ses fusées et que le Ground Control s’adresse aux astronautes. C’est Space Oddity qui résonne, qui chante dans mon esprit même si elle n’est pas jouée sur les enceintes. D’ailleurs, je suis loin d’être original : le commandant Hadfield en avait fait une reprise dans la Station spatiale internationale. Avec Blackstar tout juste sorti qui reprend ces thématiques en les mêlant d’une douce métaphysique, Bowie, ce sera à jamais l’espace.

Le deuxième moment, c’est le jeu vidéo. J’étais encore gamin quand est sorti The Nomad Soul de David Cage, mais je me souviendrai toujours de l’apparition de l’artiste dans la trame du jeu. Trop complexe pour moi, je crois ne jamais l’avoir fini, mais cette image s’est imprégnée dans mon esprit : des gens bien réels, aussi célèbres soient-ils, peuvent être dans des jeux vidéo. Cela avait été sûrement fait avant, mais c’est comme ça que je l’ai découvert et que j’ai imaginé pouvoir rejoindre Bowie dans les limbes virtuelles, quand la technologie serait un jour au point.

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Le troisième moment est tout récent. C’est Blackstar, le dernier album déjà évoqué que l’artiste a sorti, tout juste sorti, sorti si peu de temps avant sa mort qu’on imagine qu’il se battait une dernière fois pour en voir l’aboutissement. Je n’étais pas au courant de sa sortie, ne suivant que de loin l’actualité musicale, mais je l’ai écouté immédiatement, sans aucun a priori. Et puis depuis trois jours, il a pris le chemin des albums qui me hanteront pendant longtemps : une boucle sur mes enceintes et sur Apple Music, parce que tout y est excellent.

Les musiciens, la voix, l’enregistrement, les mélodies, les chœurs, les paroles qui prennent des allures de triste prophétie maintenant qu’on connaît le destin du chanteur. Alors que les grandes stars d’hier peinent à se renouveler après 50 ans de carrière, Bowie avait un dernier message à écrire, à composer et c’est une nouveauté musicale, inouïe au sens propre du terme, aussi belle que dérangeante. Le clip qui accompagne le morceau phare de l’album, je ne l’ai vu que ce matin, dans un frisson glaçant, car il dit en creux tant de choses que l’artiste savait et que nous ignorions.

Bowie a eu dix vies, Bowie s’en est allé, mais Bowie est immortel. Il ne nous reste qu’à écouter encore et encore sa musique.

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