Pour mener à bien les missions qu’ils s’assignent, les membres d’organisations terroristes se servent de toute la palette des technologies à disposition. Et pour duper les services de renseignement occidentaux, tous les moyens sont bons. Même l’utilisation d’une vidéo pornographique pour y cacher des documents d’Al-Qaïda, comme l’a raconté CNN au début du mois.
Dès lors, comment croire que les terroristes n’utilisent pas eux aussi Internet pour communiquer, s’organiser et planifier des attentats ou des enlèvements ? Ce point n’a pas échappé au ministre allemand des Affaires étrangères, qui, lors d’un débat au Conseil de sécurité sur la lutte antiterroriste, s’est prononcé pour une meilleure coopération internationale pour contrer l’usage d’Internet par les terroristes.
« Internet est de plus en plus utilisé abusivement par des groupes terroristes pour se financer et recruter. La menace terroriste évolue et nous devons adapter nos réponses, en éliminant les caches virtuelles et en contrant le prosélytisme » a commenté Guido Westerwelle, cité par l’AFP. Toutefois, cette lutte ne peut se faire au détriment des libertés fondamentales. « Nous ne pouvons pas protéger nos valeurs en les sacrifiant« .
En France, ce sujet s’est récemment imposé sur le devant de la scène suite à l’affaire Mohammed Merah. Dans la foulée des tueries de Toulouse et Montauban, et après la mort du jeune homme sous les balles du RAID, le président de la République a annoncé la création d’un délit pénal visant à sanctionner la visite fréquente de sites faisant l’apologie du terrorisme ou répandant une certaine forme d’idéologie.
Cette proposition n’est évidemment pas simple à traduire en termes juridiques. À partir de quelle fréquence la visite d’un site web faisant l’apologie du terrorisme devient-elle fréquente ? Une fois par semaine ? Une fois par jour ? Et quid es policiers, des journalistes, des magistrats, des sociologues qui sont eux aussi, par leur profession, à se rendre régulièrement sur ces espaces ?
Par ailleurs, comment les autorités comptent-elles s’y prendre pour contrôler la fréquence de consultation ? Comme nous l’écrivions alors, une telle mesure suppose que l’on observe ce que font tous les internautes en France de leur connexion à Internet de la façon la plus précise, par exemple via les FAI, en regardant tous les sites web visités et à quel rythme.
Impossible ? Cela reste à voir. Si la surveillance d’une vingtaine de millions de connexions est un exercice délicat, elle peut être simplifiée en demandant aux FAI de signaler les clients qui cherchent à accéder régulièrement à certaines adresses IP regroupées sur une liste noire et reconnues pour héberger les sites concernés. Mais cela risquerait paradoxalement de pousser des apprentis djihadistes vers les VPN.
Un effet qui ne faciliterait pas la tâche des services de renseignement, puisqu’ils devraient traiter davantage de données brouillées. D’ailleurs, faut-il rappeler que la communauté américaine du renseignement avait « engueulé » la France pour avoir adopté Hadopi ? L’arrivée de la loi a poussé des internautes à s’abonner aux VPN et à protéger au maximum leur navigation pour continuer de télécharger tranquillement.
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