Depuis mardi et jusqu’au 13 février 2011, la Cité des Sciences et de l’Industrie organise à Paris une exposition sur la contrefaçon en partenariat notamment avec les dounanes, l’Union des Fabriquants, et l’Institut National de la Propriété Intellectuelle (INPI). « La vraie expo qui parle du faux« , selon son slogan, aborde à la fois les questions de violation de droits des brevets, des marques ou des droits d’auteur. Une vitrine idéale pour les groupes d’intérêts qui cherchent à enseigner aux plus jeunes le respect de la propriété intellectuelle.
Mais l’art libre et le logiciel libre n’ont pas voie au chapitre pour montrer qu’il existe une alternative entre le tout propriétaire des industries représentées, et la contrefaçon. Selon Isabelle Vodjdani du collectif Libre Accès, « initialement, les commissaires de l’exposition avaient prévu de consacrer un modeste volet à la présentation du Libre« , avec la présentation dans un coin de salle d’un « texte concis définissant le Libre, ses enjeux et ses perspectives« .
Toutefois, rapporte-t-elle sur son blog, « quatre jours avant l’ouverture de l’exposition, j’ai reçu un mail de la commissaire en chef m’informant que mon texte ne pourra pas être diffusé« . Le message disait : « notre partenaire principal, l’INPI, est farouchement opposé à ce que l’exposition donne la parole aux défenseurs du « libre ». Nous avons essayé de discuter et d’argumenter avec eux mais l’INPI reste intransigeant sur sa position. Nous sommes donc obligés, avec grand regret, de ne pas présenter votre parole que vous aviez, aimablement, accepté de rédiger et d’enregistrer« .
Cette censure est dérangeante à plus d’un titre. L’INPI est un établissement public qui a notamment pour mission de « former à la propriété industrielle et d’œuvrer pour son développement« . Il assure ainsi chaque année environ 15 000 heures de formation, dont sont sans doute exclues les questions liées aux licences libres qui prennent pourtant une place croissante dans l’économie, en particulier du logiciel. L’INPI est aussi « fortement impliqué dans l’élaboration du droit de la propriété industrielle et représente la France dans les instances communautaires et internationales compétentes« , ce qui en dit long sur la défense du libre par la France à l’échelle internationale.
La Cité des Sciences est elle aussi un établissement public, qui selon sa présidente Claudie Haigneré a vocation à « promouvoir, sur tout le territoire et avec l’ensemble des partenaires de terrain, le rayonnement de la culture scientifique et technique« . Or le logiciel libre est une part importante de la culture scientifique et technique française. L’exclure en obéissant aux injonctions de l’INPI est contraire aux objectifs de l’établissement.
Contacté en début de matinée, le service de communication de l’INPI nous a indiqué ne pas avoir connaissance de l’incident, mais il devrait revenir vers nous avec ses explications.
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