Un Australien qui avait mis en place un réseau élaboré de caméras cachés et de micros pour espionner ses trois colocataires a échappé de justesse à la prison. En effet, la police n’est tout simplement pas parvenue à craquer le schéma de chiffrement qui protégeait son ordinateur personnel. Sans preuves formelles, le juge ne pouvait donc rien faire d’autre que le condamner à une peine moins lourde, pour d’autres motifs.
Lorsque la police a fait une descente dans la résidence du suspect, Rohan James Wyllie, ils ont trouvé sur place une série de judas percés dans les murs et les portes des pièces occupées par ses trois colocataires, deux hommes et une femme. Toutes les caméras menaient à la chambre de Wyllie et les noms des fichiers présents sur son ordinateur correspondaient avec les séquences vidéos qui auraient été enregistrées sur le disque dur de son PC.
Or, les fichiers étaient chiffrés et l’homme de 39 ans n’avait évidemment aucune intention de divulguer son mot de passe. Malgré les tentatives des policiers de casser le code, les forces de l’ordre se sont heurtés à un mur virtuel, incapables de confirmer si les vidéos correspondaient bien à des enregistrement illégaux réalisés grâce aux caméras disséminés dans la maison. Pour Rohan James, ce fut évidemment une aubaine puisque cela allégeait les charges qui pesaient contre lui.
Cependant, Rohan James Wyllie a finalement plaidé coupable au tribunal de Southport pour avoir tenté d’enregistrer un individu sans son consentement dans un espace privé. Son avocat a indiqué que son client souffrait de schizophrénie paranoïaque et croyait que ses colocataires conspiraient contre lui, expliquant ses dérives sécuritaires et son installation hors-norme. Après 33 jours passés en prison, le juge chargé de l’affaire a accepté le plaider-coupable, tout en assortissant sa décision d’une peine de deux ans de probation.
Comme le note The Register, le statut juridique du chiffrement n’est toujours pas résolue dans de nombreuses parties du monde. En France, la Loi pour la Confiance dans l’Economie Numérique (LCEN) du 21 juin 2004 a totalement libéralisé l’utilisation des moyens de cryptologie, mais leur importation ou exportation est néanmoins soumise à déclaration ou autorisation.
Rappelons également que jusqu’en 1996, avant l’assouplissement de la législation, l’usage de PGP (Pretty Good Privacy) – un des premiers logiciels de chiffrement disponibles sur Internet, a longtemps été interdit en France, puisque considéré comme une arme de guerre de deuxième catégorie.
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