Au sortir de la seconde guerre mondiale, le nombre de pays dans le monde est progressivement passé de 72 à plus de 200, du fait notamment de la décolonisation. Dans l'immense majorité des cas, l'apparition de ces nouveaux États n'a posé aucune difficulté : ils sont aujourd'hui tous reconnus et peuvent de fait participer normalement aux instances internationales.
Mais en 2013, il existe toujours des pays ne bénéficiant pas d'une légitimité pleine et entière à l'échelle mondiale. Certaines entités ne sont par exemple pas reconnues du tout (le Somaliland), tandis que d'autres le sont seulement par des États non-membres de l'ONU. Il existe aussi le cas où des membres de l'ONU ne reconnaissent pas certains de leurs pairs (la France qui ne reconnaît pas la Corée du Nord).
Évidemment, ces situations sont difficilement comparables. Chacun de ces pays a sa propre histoire et les raisons expliquant cette absence de reconnaissance internationale, à des degrés divers, varient d'un cas à l'autre. Pour ne rien arranger, certains d'entre eux cristallisent même les passions, à l'image d'Israël, de la Palestine et du Kosovo, dont le statut divise la communauté internationale.
Dès lors, les géants du net sont parfois pris entre deux feux. Ces derniers, qui proposent des cartes géographiques (pour la géolocalisation par exemple) ou des éléments d'identification à un pays (champ "pays" dans le profil d'un internaute par exemple), doivent-ils faire référence à ces entités qui clivent l'opinion publique ? Et si oui, comment ?
Cette question s'est récemment posée à Facebook dans le cas du Kosovo. Cette ancienne région de la Serbie est aujourd'hui reconnue par une centaine de pays, tandis qu'une petite quarantaine s'y oppose clairement (dont l'Espagne, la Russie, la Chine et le Brésil). Or, cinq ans après sa proclamation d'indépendance, voilà que Facebook considère désormais le Kosovo comme un pays à part entière.
Cette "reconnaissance" s'est déroulée le 19 novembre dernier et a bien entendu fait le bonheur du gouvernement local. La ministre de l'intégration européenne, Vlora Citaku, a ainsi posté un message sur Twitter pour s'en féliciter. De son côté, le réseau social américain, sans revenir sur sa décision, a voulu en nuancer la portée dans un communiqué.
"Les compagnies n'ont clairement aucun rôle à jouer dans la reconnaissance formelle des pays, dans la mesure où c'est à la communauté internationale de se prononcer. Nous essayons de faire en sorte que notre service répond aux besoins de nos utilisateurs […] en reflétant les dénominations géographiques qui sont d'usage courant", peut-on ainsi lire.
Il n'en demeure pas moins que si Facebook n'a aucun rôle effectif dans la reconnaissance formelle des pays, cette modification n'est évidemment pas anodine et a au moins une portée symbolique, dans la mesure où c'est un réseau social massivement utilisé dans le monde. Cela donne au moins une visibilité à la population kosovare, qui n'a plus besoin de se mentionner comme serbe.
Facebook n'est pas le seul service à avoir été confronté à cette situation. Google a aussi procédé à une évolution similaire, abandonnant l'appellation "Territoires palestiniens" au profit de "Palestine" suite à l'octroi à l'UNESCO et à l'ONU du statut d'État observateur non membre. La nouvelle, saluée par le gouvernement palestinien, avait fait l'objet de réserves remarquées de la part du gouvernement israélien.
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