L’industrie du disque l’avait vécue comme un coup de massue. Le 18 octobre 2005, la CNIL avait rejeté les dossiers de deux organisations de protection des droits des auteurs (Sacem et SDRM) et deux des producteurs (SCPP et SPPF) qui souhaitaient organiser depuis la France une surveillance des infractions réalisées sur les réseaux Peer-to-Peer. La Commission Nationale de l’ Informatique et des Libertés avait « procédé à un examen approfondi des dispositifs » qui lui étaient proposés, et avait « estimé que les dispositifs présentés n’étaient pas proportionnés à la finalité poursuivie« . Elle avait refusé d’autoriser l’envoi par les FAI de messages de prévention et surtout la collecte systématisée des adresses IP des internautes pris en flagrant délit de téléchargement illégal. Elle reprochait notamment que les sociétés de gestion puissent être à la fois procureurs et parties, en définissant elles-mêmes les seuils de tolérance et ceux au dessus desquels l’adresse IP était envoyée à un juge.
Dans un communiqué, la Société Civile des Producteurs de Phonogrammes en France (SPPF) nous apprend que « le Conseil d’Etat vient d’annuler en totalité la décision de la CNIL du 18 octobre 2005 qui avait refusé l’autorisation demandée par la SPPF en vue de procéder à des traitements lui permettant de lutter contre le téléchargement illégal d’enregistrement musicaux via les réseaux P2P« . Selon son interprétation de l’arrêt de la cour administrative (dont Ratiatum n’a pas encore connaissance), le Conseil d’Etat aurait considéré que, compte tenu du nombre de personnes procédant à des téléchargements illégaux, le dispositif proposé était proportionnel à l’étendue de la piraterie « et donc parfaitement justifié« .
La SPPF, qui représente les producteurs indépendants, dit accueillir avec beaucoup de satisfaction cette décision, considérant que la décision de la CNIL l’avait empêché de mener les actions de prévention et de répression de la piraterie musicale. « Cette triste » exception française » explique pour partie le retard considérable dans le développement du marché légal de la musique en ligne sur notre territoire« , estime la SPPF.
Celle-ci annonce qu’elle va à nouveau formuler une demande d’autorisation à la CNIL, ce qui annonce le retour des actions judiciaires contre des internautes en France. La décision du Conseil d’Etat intervient pourtant dans un contexte d’apaisement, avec la volonté affichée par les majors d’établir un dialogue constructif avec les internautes plutôt qu’une levée d’armes et de boucliers de chaque côté de tranchées virtuelles…
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