Qui aurait cru en 2005 que Rupert Murdoch faisait une belle affaire en achetant MySpace plus d’un demi million de dollars ? La bulle Internet semblait enfin être passée dans les rétroviseurs lorsque le géant américain des médias, propriétaire du groupe News Corp., a annoncé l’acquisition du réseau social. C’était un coup de génie. Un an après, Murdoch signait un accord avec Google qui lui assurait un chiffre d’affaires annuel de 900 millions de dollars. Et surtout MySpace continuait à progresser à un rythme spectaculaire, jusqu’à devenir le site numéro un mondial avec 61,5 millions de visiteurs uniques en janvier et 40 milliards de pages vues (Google n’en a « que » 13,7 milliards). Une assise plus que confortable pour faire passer les filiales de News Corp. dans l’ère des nouveaux médias, en particulier 20th Century Fox et Fox TV.
Il y a déjà quelques jours, la Fox a annoncé qu’elle autorisait toutes ses chaînes affiliées à diffuser ses séries TV (24, Prison Break,…) sur leurs propres sites Internet, en partageant les revenus publicitaires générés avec la maison mère. Ce sont plus de 200 chaînes en Amérique du Nord qui vont ainsi pouvoir enrichir leurs portails avec la VOD de la Fox. Mais pour Murdoch ça n’était qu’une première étape vers la décentralisation.
Selon BusinessWeek, le magnat devrait annoncer dès le mois prochain que tous les utilisateurs de MySpace qui ont créé leur page sur la plate-forme pourront à leur tour diffuser leurs séries préférées issues du catalogue de la Fox : 24 heures chrono, Prison Break, Mariés deux enfants, Les Simpson, Berverly Hills, Melrose Place, Dawson, X-Files…
Jusqu’à présent il fallait se rendre sur la page MySpace officielle de la Fox (myspace.com/fox), sur le site de la Fox, ou sur Direct2Driver, une autre filiale du groupe.
Déprofessionnaliser le métier de diffuseur
L’objectif, bien sûr, est de multiplier l’audience des séries en permettant à cette communauté particulièrement active et dynamique de mettre leur pouvoir prescripteur au service de News Corp. Les revenus publicitaires, qui sont promis à des sommets pour la vidéo en ligne, arriveront sans effort. Et l’effet d’aubaine est double puisque selon certains analystes MySpace fait partie des sites (avec Yahoo, MSN et AOL) qui ont leurs inventaires publicitaires saturés et qui doivent trouver de nouveaux espaces à commercialiser. Le modèle sera sans aucun doute adapté pour les films à la demande du catalogue de la 20th Century Fox.
A terme, les entreprises les plus performantes seront celles qui possèderont à la fois les contenus qui intéressent les internautes et les outils de distribution pour leur permettre de les diffuser eux-mêmes. News Corp., qui possèdait déjà un beau catalogue de contenus vidéos, s’est assuré avec l’acquisition de MySpace une synergie puissante au service de cette nouvelle stratégie. Il est actuellement le seul à avoir rassemblé ces deux forces. Lorsqu’il a acheté YouTube 1,65 milliards de dollars, Google ne pensait pas en d’autres termes, sauf que le géant du moteur de recherche n’a pas encore les contenus à son service – il préfère pour le moment négocier des partenariats privilégiés, mais rien n’exclu qu’il sorte un jour le porte-monnaie pour acquérir des maisons de production et leurs droits…
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