C’est donc fait. Comme attendu lundi, Google a racheté le leader de la vidéo en ligne YouTube pour 1,65 milliard de dollars. Déjà les analystes considèrent le prix trop cher. Mais l’est-il vraiment ?

Il s’agit de la plus grosse acquisition de l’histoire de Google. Le montant d’achat de YouTube est de 1,65 milliard de dollars, et le bénéfice net de Google en 2005 fut de 1,465 milliard de dollars, pour 6,1 milliards de chiffre d’affaires. L’acquisition est donc loin, très loin d’être transparente pour les finances du géant de Mountain View. Il fallait à Google de solides motivations et une vue stratégique claire pour investir autant dans un site largement décrié pour son absence de modèle économique viable.

Les premiers gagnants de l’opération sont dans un premier temps les investisseurs de YouTube. Sequoia Capital, qui avait investi 11,5 million de dollars pour prendre 30 % des parts, remporte environ 42 fois sa mise. Le capital risqueur a échangé 11,5 millions de dollars contre un chèque de 500 millions. De quoi s’offrir un beau séjour dans les îles et poster ses vidéos de vacances sur YouTube.

Pour Google, l’opération est une vue à plus long terme. La vidéo sur internet est un secteur extrêmement concurrentiel et YouTube, qui n’avait que 19 mois d’existence et 67 salariés au moment de l’acquisition, en était le leader absolu. Selon Hitwise, YouTube possède 46 % des parts de marché de la vidéo sur Internet. Malgré tous ses efforts, Google Video n’a pas su concourir. Or la publicité devrait bientôt débarquer massivement sur la vidéo sur Internet. Google, dont la vente de publicités est au coeur du modèle économique, ne pouvait accepter de voir les annonceurs investir sur YouTube au détriment de ses propres espaces. L’ambition de Google est donc dans un premier temps d’avaler un concurrent qui devenait trop génant, puis surtout dans un second temps de s’installer lui-même en nouveau leader mondial de la vidéo sur Internet.

L’avenir de YouTube face au respect du droit d’auteur

Le marque YouTube sera préservée (les employés resteront en outre à San Bruno en Californie) et Google Video continuera à exister parallèlement en son nom et sera même renforcé, ont expliqué les fondateurs de Google en conférence. Mais l’avenir de YouTube reste trouble. Beaucoup d’analystes ont pointé du doigt le nid à violations de droits d’auteur qu’est actuellement YouTube. La plupart des vidéos les plus populaires du site sont des vidéos protégées par le droit d’auteur, qui n’ont pas été envoyées par leurs ayants droits. Mais Chad Hurley and Steve Chen, les fondateurs de YouTube, comptent sur une techologie d’identification des contenus (par empreinte vidéo et/ou sonore) qui pourrait être mise en place dès le mois prochain. Ils se reposent en outre sur les dispositions du Digital Millennium Copyright Act (1998), qui assure une protection aux hébergeurs de contenus dès lors qu’ils retirent les contenus litigieux lorsqu’ils leurs sont signalés.

Mais comment les utilisateurs réagiront-ils si YouTube ne permet plus la libre diffusion de vidéos ? Dans le même temps, YouTube a annoncé la signature d’accords avec Universal Music Group et Sony BMG, qui rejoignent ainsi Warner Music dans le nettoyage musical de YouTube. Les maisons de disques pourront filtrer les vidéos qui contiennent illicitement leurs chansons, et partager des revenus avec YouTube pour les vidéos regardées qui contiennent leurs enregistrements musicaux. L’accord prévoit également la possibilité pour les utilisateurs de choisir une chanson pour la placer en bande sonore d’une vidéo.

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