Il est toujours étonnant de voir comment des groupes que l’on imagine totalement anarchiques se conforment en réalité à des règles très strictes qu’ils s’efforcent d’appliquer, de faire respecter, et de faire évoluer au gré des besoins. C’est typiquement le cas des « groupes warez », qui diffusent en premier les contenus que les internautes s’échangent ensuite par millions.
Alors que ces groupes paraissent sans foi ni loi aux yeux du quidam, ils sont en fait extrêmement respectueux d’un certain nombre de standards qui permettent de mieux identifier les contenus (par exemple le terme « VOSTFR » sera toujours utilisé pour désigner une version originale sous-titrée en français), et de leur assurer un certain niveau de qualité. A l’instar de l’industrie, qui édite de nombreux standards via l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO), ou à l’instar du W3C qui édite les normes sur Internet, les groupes de « la scène warez » ont eux aussi établi des règles écrites à suivre. Elles sont référencées notamment sur le site Scene Rules.
Ces règles sont généralement débattues dans les salons de discussion IRC, et sont ensuite « signées » par les groupes qui acceptent de les suivre. La règle implicite est alors que le groupe qui sort le premier un contenu est sûr de bénéficier de son exclusivité, à condition qu’il respecte les règles établies. Sinon, les autres groupes feront tout pour enterrer le contenu du pirate irrespectueux, en publiant leurs propres versions fidèles aux normes.
Or comme le rapporte TorrentFreak, plusieurs grands groupes warez ont signé de nouvelles règles devenues obligatoires le 22 février 2012, qui imposent de préférer le codec x264 et le conteneur MP4 au format XviD et le conteneur AVI, pour la numérisation des séries TV en résolution standard.
Très précises, ces règles couvrent tous les aspects de l’encodage, de la méthode à utiliser pour redimensionner la source vidéo jusqu’au format de compression à utiliser pour distribuer le contenu, en passant par les formats d’encodage du son, l’intégration des sous-titres, l’ajout d’un extrait, le nommage des fichiers, etc., etc.
« Le x264 est devenu le codec vidéo le plus avancé ces dernières années« , dit le document signé par les groupes ASAP, BAJSKORV, C4TV, D2V, DiVERGE, FTP, KYR, LMAO, LOL, MOMENTUM, SYS, TLA, et YesTV. « Comparé au XviD, il est capable de fournir une meilleure qualité et compression à de meilleures résolutions SD« . Il ajoute que de nombreux lecteurs autonomes sont désormais capables de lire le conteneur MP4, à commencer par les PS3, Xbox 360, iPad, ou certains disques dur multimédia.
Plusieurs groupes français avaient déjà signé dès 2008 des règles concernant l’utilisation du x264 pour l’encodage des films haute-définition. « Avec la démocratisation des rips HD, il faut que la qualité prime sur la quantité« , expliquait la norme française, qui préférait toutefois l’emploi du conteneur MKV. Sa dernière mise à jour publiée en mars 2011 a été signée par les groupes 4kHD, FHD, FWDHD, JMT, LOST, MAGiCAL, NERDHD et SaSHiMi. Le document précise qu’un groupe, UKDHD, « n’a pas souhaité participer« , tandis qu’un autre groupe n’a pas pu être contacté.
Fait amusant, le document impose aux groupes de fournir « une preuve de la source utilisée » avec une photo ou un scan de la pochette originale, assortie d’une étiquette portant le nom du groupe. « La preuve à fournir pour tout rip commercial (retail) » est imposée pour « écarter les doutes concernant l’utilisation de sources non-commerciales de type P2P« , explique la norme.
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