On a beau avoir entendu ses collègues parler de la VR, il y a un monde que l’on n’imagine pas entre le fait de savoir que le HTC Vive offre une projection réaliste d’un monde virtuel, et le fait de le vivre. Aujourd’hui au Web2Day 2016, je l’ai vécu avec tout mon corps et tout mon cœur, qui bat encore fort au moment où j’écris ces lignes. Juste après moi, une jeune femme était au bord des larmes, tremblante, tant la tension est forte.
Au fond du hall principal du Web2Day, un espace de quelques mètres carrés est en effet réservé à une démonstration du casque de réalité virtuelle de HTC, que nous avions nous-même fait découvrir à quelques lecteurs. J’avais lu tout ce que Julien pouvait en écrire d’enthousiasmant lorsqu’il l’avait lui-même testé au Mobile World Congress (MWC), mais une partie de moi ne pouvait s’empêcher de penser qu’il exagérait. Ma dernière expérience avec un vrai casque de VR remontait à un prototype de l’Oculus Rift, et il m’avait franchement laissé de marbre.
Je n’étais pas tellement attiré par la VR mais là, la démonstration faite au Web2Day que l’on a déjà vu 100 fois sur YouTube consistait à défier un vieil ennemi qui m’a déjà pourri des vacances dans les Alpes : le vertige. J’ai dans la vie réelle une peur tétanisante du vide, qui me provoque généralement une envie typique que j’arrive fort heureusement à maîtriser avant qu’il ne soit trop tard : me pisser dessus.
L’expérience proposée au Web2Day consiste à monter dans un ascenseur virtuel jusqu’à rejoindre un étage beaucoup trop haut pour mes nerfs, à quelques centaines de mètres de hauteur. Là haut, il faut se mettre sur une poutre de 20cm de large environ, et avancer sur deux ou trois mètres, avec les gratte-ciels, le vent et le sol lointain comme seul décor.
Souvenez-vous, ce n’est pas la réalité
N’écoutant que mon courage très relatif, je m’équipe des capteurs qui permettent de détecter l’emplacement de mes pieds, pose sur mes yeux le casque HTC Vive, et me munis des écouteurs. Et là, la démonstration commence. L’ascenseur monte et mes pieds vibrent avec l’accélération subie. Ce petit détail auquel je ne m’attendais pas change tout. Je suis véritablement dans l’ascenseur. Mais je n’ai pas le vertige. La paroi de verre devant moi a l’air solide. « Ne souris pas, tu vas avoir l’air encore plus con », me dis-je en moi-même au moment où je regarde partout autour de moi, en haut, en bas, me satisfaisant de ce que finalement, c’est pas si terrible. Réaliste, certes, mais pas flippant.
Puis la poutre apparaît. Dans le casque, une voix rassurante mais ferme m’intime l’ordre d’avancer. Mais je vais tomber ! Comment faire ? Intellectuellement, je SAIS que le sol dans une autre réalité est ferme et que je ne risque rien. La voix me le rappelle souvent, même. « Souvenez-vous, ce n’est pas la réalité ». Mais émotionnellement, la réalité dans laquelle je suis, c’est que je vais mourir. Si j’avance d’un pas, je vais me retrouver coincé sur cette putain de poutre et ne plus savoir comment avancer. J’ai beau avoir conscience que c’est complètement grotesque, je ne peux m’en empêcher : je me tourne à 90° pour poser mes pieds perpendiculairement à la poutre, et avoir plus d’équilibre. Mon palpitant est élevé. Je sens mes joues qui chauffent. J’ai peur. Mais du monde me regarde, j’avance.
Et puis la voix me dit que c’est fini. Mais que la seule façon de sortir de cette réalité, c’est de mourir. Il faut que je saute. Ma raison prend le dessus, je ne risque rien. Je saute. Physiquement, je me sens flancher. Le sol se rapproche. L’écran passe au noir. C’est fini. Je n’ai pas fait pipi. C’est en soi une victoire.
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