Un jeune Suédois de 15 ans a été dénoncé par sa directrice d’école auprès de la police de Gothenburg, et jugé mardi par un tribunal. Son ordinateur contenait 24 films téléchargés sur BitTorrent.

L’histoire est incroyable, et pourtant vraie. TorrentFreak rapporte qu’un adolescent de 15 ans a dû se rendre devant le tribunal mardi, pour avoir téléchargé et donc partagé 24 films sur BitTorrent. C’est en enquêtant sur la source d’un virus que l’école a découvert en mars 2011 que figurait sur l’ordinateur du jeune homme la vingtaine de films, obtenus illégalement. Informée, la directrice de l’établissement n’a rien trouvé de plus juste à faire que de prévenir la police, déclenchant ainsi l’enquête du procureur, presque désolé de devoir poursuivre.

« Si je trouve que je peux prouver un délit, je dois poursuivre. Je ne prends pas en compte l’âge de la personne ou si le partage de fichiers a eu lieu à petite ou grande échelle« , justifie le procureur de Stockholm, en précisant que ce sera au juge que reviendra le soin de décider de la sanction de manière proportionnée. « Si vous voulez que les services de téléchargement légal fonctionnent, il faut qu’il y ait au moins une petite chance d’être attrapé si vous téléchargez illégalement, même si vous êtes jeunes« , défend-t-il, sur le fond de l’affaire.

Mais elle soulève un profond malaise.

A quel moment de l’histoire le rapport de nos sociétés à la culture a-t-il dérapé au point qu’aujourd’hui, un jeune de 15 ans puisse se retrouver jugé par un tribunal pour avoir téléchargé et partagé une vingtaine de films ? Nous le disions récemment à propos du premier ministre britannique David Cameron, qui expliquait les émeutes par un « effondrement moral » de la société : il ne peut y avoir d’échelle morale respectable et donc respectée dans une société qui fait de l’échange d’œuvres culturelles un délit pénal aussi grave que le vol ou l’agression physique.

Il est temps de remettre sur la table la hiérarchie des crimes et des délits, pour redonner de la légitimité aux pouvoirs policiers et judiciaires.


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