Un satellite météo a vu par hasard la perte d’éclat de l’étoile Bételgeuse
Les scientifiques n'en ont pas fini avec Bételgeuse.
De nouveaux travaux, publiés le 30 mai 2022 dans Nature Astronomy, parviennent à la même conclusion. Si les résultats ne sont donc pas vraiment nouveaux, c'est la méthode qui est particulièrement originale et mérite qu'on s'y attarde.
L'assombrissement de Bételgeuse a pu être surveillé tout à fait par hasard, grâce à un satellite météorologique. L'équipe de recherche a eu l'idée ingénieuse de collecter ses données et de s'en servir à des fins astronomiques.
Utiliser des satellites météo comme des télescopes spatiaux
C'est Himawari 8, un satellite opéré par l'Agence météorologique du Japon, qui a été mobilisé. Il évolue en orbite à presque 36 000 kilomètres au-dessus de l'équateur terrestre. Depuis 2015, ce satellite prend des images de l'ensemble du disque de la Terre toutes les 10 minutes. « Le satellite Himawari 8 observe également la région de l'espace extra-atmosphérique autour du disque terrestre lors de chaque balayage, peut-on lire dans l'étude. Cela nous a motivés à développer un nouveau concept : utiliser des satellites météorologiques comme des 'télescopes spatiaux' pour l'astronomie. »
En observant les images obtenues par ce satellite, les auteurs ont fait un constat : « Plusieurs étoiles brillantes, dont Bételgeuse, apparaissent parfois dans les images ». Ce suivi fréquent de Bételgeuse a été rendu possible par le fait que cette étoile n'est pas loin de l'équateur terrestre, explique sur Twitter l'astrophysicien Miguel Montargès, qui n'a pas participé à ces travaux, mais est l'auteur de la précédente étude révélant l'existence du nuage de poussière devant Bételgeuse. « Pour un satellite géostationnaire observant la Terre, elle passe dans le champ prêt du limbe terrestre un peu moins qu'une fois par jour », résume-t-il.
Les scientifiques ont donc entrepris de mesurer la quantité de lumière provenant de cet astre pendant plusieurs années, entre janvier 2017 et juin 2021, telle qu'elle a été perçue avec Himawari 8. L'éclat de l'étoile a pu être scruté dans plusieurs longueurs d'onde de la lumière, du visible à l'infrarouge -- de quoi recueillir des informations sur l'environnement de l'astre et sur la dynamique de Bételgeuse elle-même. Leurs conclusions confirment bien que la baisse de luminosité de l'étoile a été obscurcie par un amas de poussière. Mais les moyens d'observations, eux, sont plutôt inédits en astronomie.