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Suicide Squad: Kill the Justice League est un immense gâchis

Il n'y aura pas de rédemption pour Suicide Squad: Kill the Justice League, jeu-service rafistolé par un studio qui mérite bien mieux, et dont les fans aussi méritent bien mieux. A priori, il tombera vite dans l'oubli. C'est tout le mal qu'on lui souhaite. Notre verdict.

On aimerait parfois ne pas avoir à tirer sur l'ambulance, se dire que derrière le bruit médiatique, sans doute exagéré, il peut émerger une surprise, sinon un coup de cœur. Depuis son annonce et, plus particulièrement, depuis une présentation détaillée en 2023, Suicide Squad: Kill the Justice League a énormément souffert. À tel point qu'il a été condamné avant même sa sortie, en raison d'un projet bancal depuis le début. Malheureusement, y jouer ne fait que confirmer les pressentiments et donner raison aux pingouins oiseaux de mauvais augure.

Il y a pourtant un studio de renom derrière Suicide Squad: Kill the Justice League, dont le lancement a été compliquéC'est sans doute ce qui rend la situation un peu triste, au-delà du constat de l'échec. Avec sa trilogie Batman: Arkham, Rocksteady a su bâtir des bases d'excellence pour un genre qui a longtemps été ridicule (les adaptations de jeux vidéo). Sans la trilogie Batman: Arkham, il n'est pas certain que PlayStation aurait donné naissance à des titres Spider-Man aussi ébouriffants. Comment peut-on se planter autant après avoir tout réussi ? C'est la question que soulève Suicide Squad: Kill the Justice League, qui gâche un vrai savoir-faire dans une logique économique hors sujet.

Suicide Squad aurait pu être un excellent jeu

Un contenu assez chiche

On termine très vite le contenu de base de Suicide Squad: Kill the Justice League, partagé entre l'histoire et quelques missions annexes (une dizaine d'heures). Mais la fin n'est pas vraiment la fin et des défis plus corsés sont proposés pour les acharnés. 

Comme Square Enix avec Marvel's Avengers, Warner Bros. a voulu s'immiscer dans le genre a priori si lucratif du jeu-service. Les titres de cette catégorie cherchent à fidéliser les joueuses et les joueurs en leur proposant régulièrement du contenu, dans l'espoir de générer des revenus sur le long terme (grâce à un magasin avec des objets cosmétiques, par exemple). Une catégorie dans laquelle Marvel's Avengers s'est justement cassé les dents, comme tant d'autres (Anthem, malgré des bases ultra-solides). Warner Bros. veut tenter ce pari avec Suicide Squad: Kill the Justice League, sauf que Rocksteady n'était certainement pas le studio le plus adapté pour triompher. 

Suicide Squad: Kill the Justice League recherche trop la blague, au détriment du rythme

Quand on joue à Suicide Squad: Kill the Justice League, on retrouve d'ailleurs des notes d'optimisme qui rappellent à quel point les développeurs sont doués. Le gameplay, au global, fournit d'excellentes sensations. On peut incarner quatre personnages vraiment différents -- Iron Man Deadshot (notre chouchou), Harley Quinn, Boomerang, King Shark --, avec une emphase sur la verticalité. L'action est particulièrement frénétique et la clé repose sur la nécessité de rester en mouvement pour ne laisser aucune chance aux ennemis. Rocksteady se permet de pomper certaines idées vues dans d'autres jeux de tir (exemples : le rechargement rapide dans Gears of War, le flow de Anthem dans certains déplacements aériens). Il fournit en outre une structure de progression autant axée sur les pouvoirs à débloquer que des armes toujours plus puissantes à équiper. 

Quatre losers pleins d'avenir. // Source : Capture Xbox

On retrouve aussi les talents d'orateur de Rocksteady, avec un respect inouï pour le lore DC Comics (les fans apprécieront) et de gros efforts narratifs. À ce sujet, on finit néanmoins par se lasser du cirque proposé par nos quatre joyeux lurons. Ils sont chargés de tuer des individus bien plus forts qu'eux en trichant (les super-héros, Batman et Superman en tête, sont devenus des menaces pour la ville de Metropolis, sous le joug de Brainiac). On sent que Suicide Squad: Kill the Justice League recherche trop la blague au détriment du rythme, multipliant les cinématiques qui donnent envie de soupirer. À l'arrivée, le récit ne vole pas bien haut, on se sent dans une cour des miracles peuplée d'habiles stand-uppers. C'est rigolo, certes, mais on est loin de la noirceur immersive des Batman: Arkham. La rare bonne idée intervient après le générique de fin, quand on apprend que le multivers servira de socle pour les contenus à venir. 

Lex Luthor ne ressemble à rien. // Source : Capture Xbox

Le principal défaut de Suicide Squad: Kill the Justice League tient dans sa structure terriblement paresseuse. Où on ne fait qu'enchaîner des missions aux objectifs génériques, qui constituent des poncifs du looter-shooter sans âme. De la capture de drapeau ? Check. De la protection de points ? Check. Du soutien de convoi ? Check. De la destruction ? Check. Et tout finit par se répéter d'une sortie dans Metropolis à l'autre. Un sentiment de redite s'installe très vite : au bout de maximum deux heures, on a l'impression d'avoir déjà fait le tour de la question. On a eu un élan d'espoir avec l'ultime objectif de l'histoire. Hélas, se débarrasser de Brainiac ne s'est pas révélé plus palpitant ou original que le reste. Dommage quand on sait ce qu'un tel face-à-face au sommet pourrait produire avec davantage de passion.

Suicide Squad: Kill the Justice League est plutôt beau. // Source : Capture Xbox

Pour ne rien arranger, les environnements de la ville sont vides et artistiquement peu inspirés en dépit d'une qualité graphique à souligner (c'est beau et fluide). L'exploration n'est pas encouragée non plus, la faute à une échelle riquiqui. Quand on repense à l'excellence du gameplay, Suicide Squad: Kill the Justice League donne l'impression d'avoir une arme sensationnelle entre les mains tout en n'ayant aucune cible valable sur laquelle tirer. Un comble pour une expérience qui demande d'appuyer sans cesse sur la gâchette dans l'unique but d'annihiler des sbires au design peu inspiré.

Suicide Squad: Kill the Justice League aurait pu être un peu sauvé par son argument coopératif. Encore fallait-il qu'il se pare de phases où l'esprit d'équipe devient un élément primordial pour avancer dans la bonne direction. Là encore, on se contente de si peu alors qu'on pourrait tellement s'amuser, à plusieurs, en compagnie des quatre cavaliers de l'apocalypse. On ne s'improvise pas héros du jour au lendemain quand on est un zéro -- n'en déplaise à Deadshot, Harley Quinn, Boomerang et King Shark. On espère simplement que Rocksteady ne fera pas le chemin inverse. Quand on a atteint les sommets, rien ne garantit d'y rester.