Sam Bankman-Fried était si accro à League of Legends qu’il cause du tort au jeu
La passion d'un chef d'entreprise raté pour un jeu vidéo peut-elle nuire à la réputation dudit jeu ?
FTX avait levé des millions de dollars auprès de nombreux investisseurs, avant que l'on se rende compte qu'elle mentait sur ses capitaux réels — c'est elle-même qui en détenait une grande partie, à travers d'autres entreprises. Toute l'histoire de la plateforme crypto FTX en faillite est développée dans cet autre article.
Pourquoi Sam Bankman-Fried desservirait-il League of Legends ?
Riot Games était lié à FTX par un partenariat qui visait à donner de la visibilité la plateforme de cryptos. Le studio américain essaie aujourd'hui de casser ce contrat — FTX lui doit d'ailleurs beaucoup d'argent, comme à de nombreux créanciers. C'est dans le document de plainte, déniché par la chercheuse Molly White (qui tient le site Web 3 Is Going Juste Great), que l'on peut lire l'agacement de Riot Games contre Sam Bankman-Fried.
« Avant et au cours de la tempête médiatique, le nom et la réputation de Riot Games auprès de sa base de consommateurs ont été inextricablement liées à FTX, à travers l'image de son CEO, M. Bankman-Fried », peut-on lire. « Les médias et les commentateurs sur Twitter ont diffusé des images de M. Bankman-Fried jouant à League of Legends, le jeu de Riot Games, au moment même où FTX se crashait. »
Et, d'enchaîner : « M. BankmanFried est célèbre pour son affinité avec le jeu. Il est bien connu des investisseurs pour jouer à League of Legends lors de rendez-vous. Il a reconnu sur Twitter qu'il avait joué 'beaucoup plus [à League of Legends] que ce à quoi l'on pourrait s'attendre de quelqu'un qui troque régulièrement le sommeil contre le travail'. »
En 2021, SBF avait en effet raconté lui-même qu'il « passait des coups de fil en étant sur League of Legends », mais n'arrivait pas à expliquer pourquoi il passait tant de temps sur le jeu de Riot Games. Et, enchainer d'un cassant : « Le savoir le plus universel qui existe sur League of Legends, c'est que n'importe quel joueur vous dira qu'il aimerait bien pouvoir ne pas y jouer. »
Sam Bankman-Fried est un cliché de petit génie de la tech iconoclaste — qui, paradoxalement, devient presque la norme dans l'univers startupien américain de la tech. Lui qui se revendique de l'« effective altruism » (atteindre un but « bon » pour l'humanité justifierait tous les moyens) a réussi à convaincre ceux qui tiennent les bourses de l'investissement privé de lui faire confiance. Ce, malgré son air d'éternel ado, et avec son addiction malsaine à un jeu en ligne connu pour être prisé de très jeunes joueurs.
« Ces images de M. Bankman-Fried qui joue à League of Legends ont été publiées à côté de textes qui décrivent son attitude cavalière pendant des rendez-vous avec des investisseurs et son irresponsable gestion des fonds d'entreprises », continue la plainte de Riot Games. « Ces images ont créé un arc narratif selon lequel l'attachement de M. Bankman-Fried à League of Legends, qui était vu au départ comme quelque chose de compréhensible et d'humain, est désormais quelque chose de juvénile et d'imprudent. »