50 % des Français croient encore que Didier Raoult avait raison sur l’hydroxychloroquine
L'interaction entre science et société a rarement été autant au cœur du débat public, entre la pandémie depuis début 2020 et l'intensification de l'enjeu écologique.
L'opinion personnelle avant celle d'un scientifique ?
La force de la parole scientifique semble défiée par l'opinion personnelle. La moitié des personnes interrogées considèrent leur propre jugement comme équivalent à celui d'un scientifique -- et 40 % font « davantage confiance à leur expérience personnelle qu’aux explications des scientifiques pour savoir si un fait est vrai ou faux scientifiquement ». Les Français interrogés sont plus nombreux à faire confiance à leur proche plutôt qu'aux autorités scientifiques (et la défiance est encore plus forte quand il est question de science dans les médias : 56 % n’ont pas confiance).
La question de l'indépendance de la science semble tout particulièrement inquiéter les Français. Plus de la moitié (56 %) des personnes interrogées considèrent que que les scientifiques « ne sont pas indépendants et se laissent influencer par des groupes de pression ». L'inquiétude est particulièrement dirigée vers la capacité des scientifiques à être « capables d'indépendance » face au gouvernement ou aux entreprises privées.
De la même façon, le problème a tout l'air d'être une méfiance sur la question de la transparence. La moitié des Français ont des doutes sur la disposition des scientifiques à être transparent dans le domaine du nucléaire -- une confiance toutefois en augmentation depuis le dernier sondage -- et dans les biotechnologies ou le climat. Dans quelques domaines très spécifiques, la confiance est plus élevée : c'est le cas pour les vaccins (à 63 %) et les énergies renouvelables (65 %).
Cela a forcément des conséquences sur l'appréhension de ce qui relève, ou non, d'une fake news. D'après le sondage, il n'y aurait que 51 % des Français à savoir que le Didier Raoult avait tort lorsqu’il affirmait que l’hydroxychloroquine était efficace contre le covid. Côté environnement, 30 % des Français estiment « qu’il n’y a pas de consensus scientifique sur l’origine humaine du réchauffement climatique » (alors que ce consensus est plus que prouvé).
L'espoir est dans la science : les points positifs à retenir de cette enquête
Ce sondage est cependant bien long de dresser un constat pleinement pessimiste sur la relation entre la science et la société. Au contraire : pour les 3/4 des Français interrogés, « la science et la technologie sont une source d’espoir face aux problèmes du futur ». Et cette même proportion est favorable aux recherches dans la plupart des domaines possibles -- énergies renouvelables, vaccins, virus, génétique, santé humaine.
Quatre chiffres clés :
72 % estiment que la science peut apporter des solutions aux problèmes actuels
72 % pensent même qu'elle est la principale réponse
76 % font confiance aux chercheurs du secteur public pour trouver ces solutions
68 % font confiance aussi aux chercheurs du privé
Mais trouver des solutions n'est pas perçu comme une amélioration de la vie quotidienne. Seules 56 % des personnes interrogées pensent que les générations du futur vivront mieux qu'aujourd'hui grâce aux sciences et technologies.
Un besoin de confiance science/société
Le sondage d'Ipsos / Institut Sapiens semble clairement montrer que le lien entre la science et le grand public est bien assis. Mais le problème n'est autre que la confiance : les Français et les Françaises semblent avoir du mal à identifier quels scientifiques croire, ou même à se représenter pourquoi la méthode scientifique solidifie davantage certains propos.
On en revient alors toujours à la même problématique : la science doit prendre une meilleure place dans les médias, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, à travers une pédagogie plus intense et apaisée.