Le musée Pompidou de Paris, spécialisé dans l’art moderne, vient d’annoncer l’achat de plusieurs œuvres sous forme de NFT. Parmi les pièces acquises, on trouve un CryptoPunk, un NFT spécial qui fait partie de l’une des collections les plus populaires et iconiques du milieu de l’art numérique. Que sont ces drôles de petits personnages ?

Les NFT rentrent au musée. Vendredi 10 février 2023, le Centre Pompidou a annoncé à la surprise générale qu’il avait fait l’acquisition de 18 œuvres numériques. Il ne s’agit pas n’importe lesquels : on trouve dans la liste plusieurs NFT d’artistes français, mais surtout, un CryptoPunk.

La collection CryptoPunk est particulière : ses NFT font partie des pièces les plus populaires du monde des crypto-monnaies, avec les Bored Ape Yacht Club, et certaines détiennent des records de prix. Les CryptoPunks sont si populaires qu’en 2021, ils ont entrainé pas moins de 3 milliards de dollars (plus de 2,6 milliards d’euros) de transactions, selon un rapport de Chainalysis. Malgré la baisse impressionnante des ventes de NFT depuis 2022, les CryptoPunks restent à part dans le monde de l’art numérique : on vous explique tout.

Chacun des 10 000 NFT CryptoPunks est certifié dans la blockchain Ethereum // Source : Larva Labs
Chacun des 10 000 NFT CryptoPunks est certifié dans la blockchain Ethereum // Source : Larva Labs

Que sont les CryptoPunks ?

Les CryptoPunks sont des NFT « Collectible », c’est-à-dire des pièces de collection uniques créées par Larva Labs en 2017. Au lieu d’un NFT représentant en lui-même une œuvre, comme cela est le cas pour Everydays, le NFT de l’artiste Beeple vendu pour 69 millions de dollars. Dans le cas des CryptoPunks, il s’agirait plutôt de cartes à collectionner Panini.

Les CryptoPunks sont des images de 24 pixels sur 24 générées algorithmiquement, représentant toutes des personnages différents : il existe en tout 10 000 de ces petits punks et punkettes pixellisés, tous uniques. « Aucun ne ressemble à un autre, et chacun d’entre eux ne peut être officiellement possédé que par une seule personne sur la blokchain Ethereum », explique Larva Labs. C’est sur cette blockchain que sont stockés les certificats de propriété de ces NFT.

Il existe plusieurs catégories de CryptoPunks : Alien, Singe, Zombie, Homme, Femme. À cela, s’ajoute une grande variété d’accessoires ou d’attributs mixés de manière unique sur chaque CryptoPunk : couleur de cheveux, lunettes d’aviateur, cigarette, piercing, chapeau, couette, barbe, nez de clown, capuche, etc.

Quel est le NFT du musée Pompidou ?

Le NFT acheté par le Centre Pompidou est le CryptoPunk #110, que l’on peut voir ci-dessous.

Le NFT CryptoPunks #110 a été acheté par le Centre Pompidou // Source : Larva Labs
Le NFT CryptoPunks #110 a été acheté par le Centre Pompidou // Source : Larva Labs

Chaque CryptoPunk dispose d’une page propre sur le site Larva Labs avec, dessus, la liste de ses attributs (capuche, cigarette, etc.), le numéro de son propriétaire, son statut (à la vente ou non) et toutes les transactions dont il a fait l’objet.

Ainsi, on apprend que le CryptoPunks #110 du musée Pompidou est l’une des 3840 punkettes ; qu’elle a un rouge à lèvres violet, comme 655 autres punks ; des boucles d’oreille, comme 2459 punks, une cigarette, comme 961 autres NFT, et une coupe mohawk, comme 459 autres punks.

Combien le Centre Pompidou a-t-il payé pour le NFT CryptoPunk ?

On ne sait pas combien le musée a déboursé pour acquérir le NFT. Dans le communiqué de presse, il est seulement précisé que les pièces « entrent en collection par don ou par achat », et sur la page Lava Labs du CryptoPunks #110, aucun prix n’est indiqué pour la dernière transaction. Impossible donc de savoir si le NFT a été donné au musée, ou si le Centre Pompidou l’a acheté, et pour combien.

Quel est le prix d’un NFT CryptoPunk ?

À l’origine, ces NFT pouvaient être demandés et obtenus gratuitement par toute personne détenant un portefeuille Ethereum, mais tous ont rapidement été réclamés. « Désormais, pour se les procurer, il faut les acheter à quelqu’un en détenant, via la place de marché qui est également intégrée à la blockchain  », précise Larva Labs.

Les CryptoPunks font partie des collections de NFT les plus populaires du marché, et se vendent à plusieurs dizaines de milliers de dollars. Selon le site NFT Price Floor, le prix de base pour un NFT CryptoPunk est de 61,88 ETH, soit 85 640 euros au taux actuel. Il s’agit de la deuxième collection la plus chère, derrière celle des Bored Ape Yacht Club, dont le prix plancher est de 67 ETH, soit 92 726 euros.

Si cela représente toujours une somme conséquente, il est important de souligner que le marché des NFT est en chute libre depuis 2022. Après un pic historique et des ventes records en 2021, celles-ci se sont effondrées en 2022. Début 2023, d’après les données récoltées par The Block, le constat est le même : alors qu’en septembre 2021, les CryptoPunks représentaient à eux seuls 699,85 millions de dollars de vente sur un total de 3,4 milliards, en janvier 2023, il s’est vendu en tout 799,52 millions de dollars de NFT.

Le volume des ventes de NFT s'est effondré // Source : The Block
Le volume des ventes de NFT s’est effondré // Source : The Block

Est-ce que le Centre Pompidou a acheté à perte ? Impossible à dire, étant donné que le prix de la transaction est inconnu. On sait cependant que l’objectif du musée n’était pas de réaliser une plus-value en revendant plus tard son CryptoPunk : dans son communiqué de presse, le musée explique avoir observé le « ralentissement du phénomène spéculatif observé ces deux dernières années ».

La démarche du Centre est d’ailleurs « moins de s’intéresser au phénomène culturel des  »collectibles », collections d’images vendues par NFT, que d’explorer les usages créatifs les plus audacieux de cette technologie », explique le musée, qui veut engager « une réflexion singulière sur l’écosystème de la crypto-économie et ses incidences sur les définitions et les contours de l’œuvre d’art ». Une réflexion plus philosophique que technique ou même purement esthétique.

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