Une erreur dans le texte ?

C'est le bon endroit pour nous l'indiquer !
Attention, ce formulaire ne doit servir qu'à signaler une erreur. N'hésitez pas à utiliser la page de contact pour nous contacter ou nous faire part de vos suggestions. Merci.

Etape 1

Cliquez sur les paragraphes contenant des erreurs !

La blockchain n'oublie rien, même quand un petit malin tente de s'enrichir illégalement avec des NFT

Dans le secret des prochaines sorties de NFT, cet ancien responsable d’OpenSea croyait duper les acteurs du marché sans trop se mouiller. C’était sans compter sur le FBI et l’expertise grandissante des autorités pour pister les criminels de la blockchain.

Game over. Try again. Un ancien employé d’OpenSea, la plus grande place de marché pour les NFT, est devenu ce mercredi une nouvelle mascotte du ministère de la Justice américain. Comme l’a annoncé le bureau du procureur new-yorkais en charge de l’affaire, Nathaniel C. (31 ans), ex-chef de produit pour la plateforme crypto, a hérité du titre de « premier accusé pour délit d’initié lié à des actifs numériques ».

Un délit d’initié est un stratagème criminel vieux comme le monde financier, consistant à utiliser des informations confidentielles pour s’enrichir personnellement. Une combine éculée que l’accusé aurait mis au goût du jour en l’appliquant aux fameux tokens non fongibles. Fort des informations commerciales exclusives, à savoir la mise en vente sur OpenSea de nouvelles collections de NFT dont il était responsable, Nathaniel les aurait achetés à bas coût avant leur sortie, pour mieux les revendre à prix fort.

Sa machinerie aurait duré quelques mois, de juin à septembre de l’année dernière. Ce qui lui a permis d’engranger des bénéfices anormaux sur une quarantaine de NFT, revendus à des cours de deux à cinq fois le prix initial. Présumé innocent à ce stade de la procédure, Nathaniel est visé par des chefs d’accusation de fraude électronique et de blanchiment d’argent, chacun passible d’une peine maximale de 20 ans de prison.

« Les accusations démontrent notre engagement à éradiquer les délits d'initiés -- qu'ils se produisent sur le marché boursier ou la blockchain », a déclaré le procureur Damian Williams. Ce à quoi le directeur adjoint du FBI en charge de l’enquête, Michael J. Driscoll, a senti bon d’ajouter que les autorités continueront « à poursuivre agressivement les acteurs qui choisissent de manipuler le marché de cette manière. »

Extrait de l'acte d'accusation, Etats-Unis vs Nathaniel C. (Southern District of New York)

Comptes anonymes et adresses Ethereum

C’est que, d’avis du procureur, les fédéraux ont accompli un « travail remarquable ». Mais l’investigation a aussi s’appuyer sur la jeune branche du ministère dédiée aux cryptos, la National Cryptocurrency Enforcement Team. Inaugurée officiellement en février 2022, la NCET a pour mission de lutter contre cette croissante criminalité qui profite de l’innovation galopante des actifs numériques et des technologies décentralisées.

Bien que le suspect constitue un triste pionnier au tableau de chasse de la justice américaine, le présent cas n’a pas l’éminence de l’affaire Bitfinex pour laquelle les autorités avaient retrouvé l’équivalent de 3,6 milliards $ en bitcoins volés. Cela dit, l’acte d’accusation émis par le procureur vaut le détour. Ce document d’une dizaine de pages démontre à nouveau clairement que la blockchain ne peut pas servir d’arme de crime financier. Le degré d’anonymat restant imparfait face à l’immuable traçabilité.

« Pour dissimuler la fraude, l’accusé a réalisé ses achats et reventes (de NFT) en employant des wallets anonymes et des comptes anonymes sur OpenSea », souligne le procureur Williams, avant d’expliquer que ces tokens constituent des identifiants numériques conservés sur la blockchain, un registre décentralisé inventoriant toutes les transactions.

Un départ précipité et l'abandon de son poste de chef de produit NFT chez OpenSea subtilement annoncés... (Twitter)

Rien d’un coup de génie

Comme la plupart des NFT reposent sur Ethereum, les transferts requièrent des adresses Ethereum, un « identifiant public unique » sur la blockchain à l’instar d’une adresse mail. Mais, contrairement à nos boîtes de courriel, les échanges d’une adresse à une autre sont enregistrées et consultables en accès libre. Pour tenter de brouiller davantage les pistes, Nathaniel aurait aussi transféré des fonds sur de multiples adresses Ethereum « anonymes », adresses sans historique de transactions antérieures.

Curieux de découvrir l’ingénierie techno dont les forces de l’ordre ont usé pour identifier le suspect, on restera sur notre faim, car l’acte judiciaire n’offre pas plus de détails croustillants.

Violant la clause de confidentialité de son employeur de l’époque et recourant à divers artifices frauduleux pour gagner de l’argent, Nathaniel devra rendre tous les avantages tirés de cette fraude. Et si, entretemps, l’accusé a cédé à une tierce personne ou déplacé l’argent et les biens découlant de ce crime financier hors de portée du tribunal, « les États-Unis ont l’intention d’opérer toute confiscation de quelque bien que ce soit du défendant » en dédommagement.

Pour mémoire, OpenSea avait soupçonné son ancien employé et requis immédiatement sa démission. « Incroyablement déçu », le cofondateur Devin Finzer avait déclaré prendre les mesures nécessaires afin de regagner la confiance de la communauté. « Pour un nouvel internet plus ouvert qui donne du pouvoir aux créateurs et aux collectionneurs, nous devrons intégrer la confiance et la transparence dans tout ce que nous faisons. » Dont acte.