Les chiffres sont saisissants : 41 % des Français et Françaises ont déjà été victimes de cyberharcèlement, et la proportion monte à 81 % pour les 18 / 24 ans. Pour quiconque a déjà passé un tant soit peu de temps sur les réseaux sociaux, ils ne seront pas surprenants. Le cyberharcèlement et la cyberviolence sont des phénomènes qui sont devenus endémiques sur le web. Et ils ne touchent pas que les plus jeunes, comme a voulu le montrer l’association Féministes contre le cyberharcèlement.
L’association a travaillé avec l’institut de sondage Ipsos lors d’une enquête portant sur la population française, dont les conclusions ont été rendues publiques le 9 février. Les résultats permettent de dessiner un paysage plus précis de l’Internet français et des réseaux sociaux les plus toxiques, parmi lesquels on retrouve, sans surprise, Twitch. Mais ils ont surtout révélé que 31 % des Français et Françaises ont déjà participé à des actes de cyberharcèlement.
Steam, Twitch et Discord, les pires réseaux sociaux pour le harcèlement
Les résultats de l’enquête l’indiquent très clairement : les pires réseaux sociaux en termes de santé mentale sont Steam, Discord, et Twitch. Cela n’est pas vraiment très surprenant : Discord, un service de tchat, est connu pour accueillir des communautés très bienveillantes, mais aussi pour être l’endroit où les raids de harcèlement sont organisés. Twitch est réputé pour être une plateforme où le harcèlement et la haine sont extrêmement courants, particulièrement contre les femmes.
C’est certainement la position de Steam dans le classement de tête qui intrigue le plus : en cherchant des articles ou des enquêtes sur le harcèlement sur la plateforme, on ne pas grand-chose. Mais en fouillant un peu plus sur les forums, il devient évident que le service accueille une communauté qui peut être très toxique, et que les problèmes de harcèlement sont très courants.
Il est intéressant de noter que parmi les victimes de cyberharcèlement de moins de 35 ans, celles qui utilisent le plus ces trois plateformes, les hommes sont plus harcelés que les femmes : 85 % d’entre eux auraient vécu au moins une fois une situation de cyberviolence, contre 65 % des femmes. Cela s’explique par le fait que Steam, Discord et Twitch sont toutes les trois des plateformes pensées, à la base, pour les gamers, et accueille des communautés plus masculines.
Même si on compte aujourd’hui autant de joueuses que de joueurs de jeu vidéo, il n’y a toujours pas beaucoup de streameuses professionnelles, et celles qui se sont lancées sont victimes de très fortes vagues de cyberharcèlement. Il est également très important de souligner le fait que les personnes appartenant à des minorités sont disproportionnellement touchées : 85 % des personnes issues d’une minorité sexuelle ont subi du cyberharcèlement, comme 78 % des personnes issues d’une minorité religieuse et 71 % des personnes issues de minorités ethniques.
La cyberviolence est donc plus répandue parmi les hommes, qui seraient très nombreux à subir insultes et menaces. Mais c’est surtout le début d’un cercle vicieux : les personnes qui harcèlent sont, dans la grande majorité des cas, des personnes qui ont été harcelées. L’étude d’Ipsos indique que, parmi les 31 % de Françaises et Français qui ont déjà été à l’origine d’une situation de cyberviolence, 69 % ont vécu des situations de cyberharcèlement plusieurs fois. Parmi les Français de moins de 35 ans, 69 % des hommes indiquent avoir déjà envoyé une insulte, et 61 % des femmes. Si l’étude montre que c’est majoritairement sur Steam que les personnes subissent le plus de cyberviolences, c’est bien sur Twitch où les harceleurs sont les plus nombreux : 69 % d’entre eux sont la plateforme de streaming.
L’étude souligne cependant le fait que, parmi les Français entre 35 ans et 59 ans, ce sont les femmes qui sont le plus à l’origine des actes de cyberharcèlement. Cela est très largement dû au fait qu’elles ont indiqué avoir, souvent à plusieurs reprises, fouillé le téléphone de leur conjoint ou conjointe sans son autorisation — ce qui constitue bel et bien un acte de cyberharcèlement.
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