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La Chine déteste-t-elle les cryptomonnaies ?

Pour la énième fois, la Chine « interdit » les cryptomonnaies sur son sol. Après avoir fait cesser la vente de services crypto et le minage mi-2021, elle a interdit toutes transactions de ce type fin septembre. Mais pourquoi les amateurs de bitcoin irritent-ils Beijing à ce point ? 

Depuis le début de l'année, la Chine multiplie les attaques contre les cryptomonnaies. Après avoir interdit aux institutions financières chinoises de vendre des services liés aux cryptomonnaies, puis coupé l'électricité aux mineurs de bitcoin, Beijing en a remis une couche, le 24 septembre 2021, en interdisant purement et simplement toutes les transactions crypto.

Qu'est-ce qui agace à ce point la Chine au sujet des cryptomonnaies ? La philosophie d'inspiration plutôt libertaire des cryptomonnaies est, bien sûr, pour le moins éloignée de celle du Parti communiste chinois. Les raisons des attaques de Beijing sur ce secteur sont cependant bien plus larges qu'un conflit idéologique.

Beijing resserre la vis sur tout le secteur

Comme le souligne CoinDesk, la Chine ne s'attaque pas qu'aux cryptomonnaies en ce moment. Elle a entrepris de réguler plus fermement tout le secteur des fintech qui englobe les cryptomonnaies certes, mais également bien d'autres domaines où s'entrecroisent finance et technologie : paiement mobile, banques en ligne, etc.

« La Chine a l'un des marchés FinTech les plus dynamiques du monde », écrit Viviana Zhu, analyste politique spécialisée dans la zone Asie de l'Institut Montaigne. Les nouveaux systèmes de paiement ont rapidement intéressé la population chinoise -- dont une bonne part vit en zone rurale et n'a pas de compte en banque traditionnel. La Chine a, qui plus est, activement soutenu ses entreprises locales en « retardant l'ouverture du secteur financier aux groupes étrangers  », pointe Viviana Zhu. Cet environnement favorable a permis au secteur FinTech chinois de se développer très rapidement. Selon l'Institut Montaigne, 87 % de la population connectée du pays utilise au moins deux services FinTech (paiement mobile, banque en ligne, crypto, etc.).

Si Beijing a fait le choix délibéré de peu réguler ce secteur afin de favoriser son développement, il entreprend désormais de resserrer la vis. « Entre 2010 et 2015, le secteur était encore très peu régulé, écrit Viviana Zhu. Cela a entrainé l'apparition de nombreuses escroqueries de type Pyramide de Ponzi dans le secteur du prêt entre particuliers (...) À cela s'ajoute le krach boursier de 2015. Cet événement, qui montrait les faiblesses du système financier chinois et l'échec du gouvernement à les gérer, a été jugé embarrassant sur le plan politique, mais pas seulement : il a aussi sonné l'alerte sur un risque de sorties de capitaux  », note l'experte de l'Institut Montaigne.

Les sociétés tech font de l'ombre aux banques d'État chinoises

Les autorités chinoises ont également commencé à s'alarmer de voir des géants de la FinTech chinoise devenir plus gros que des banques contrôlées par l'État et gagner en influence, tant économique que politique. Beijing a commencé à resserrer très fermement la vis sur ce secteur. L'entreprise Ant Group qui gère la populaire application de paiement mobile AliPay en a d'ailleurs récemment fait les frais : Beijing a stoppé son introduction en Bourse fin 2020 et renforcé la réglementation qui s'applique aux sociétés de microcrédits en ligne. Ant Group s'est retrouvée contrainte de se restructurer complètement, et surtout de partager ses données de crédit avec les autorités chinoises, précise le journal Les Échos.

« Ce n'est que la pointe de l'iceberg, avertit Viviana ZhuLa mise en place de nouvelles régulations montre que le gouvernement chinois veut trouver un nouvel équilibre entre innovation et régulation dans le domaine FinTech.  »

Sur le sujet des cryptomonnaies, d'autres facteurs ont également pesé dans la mise en place de certaines restrictions. Si la Chine a décidé de couper le courant aux fermes à bitcoin -- que l'on trouvait en nombre sur son sol jusqu'il y a peu -- c'est entre autres, car le fait de miner des crypto telles que celle-ci est très énergivore. Et que si certaines fermes profitaient de l'énergie hydroélectrique verte abondante du Sichuan pendant la saison humide, beaucoup de l'électricité chinoise provient tout de même de centrales à charbon.

L'impact écologique des cryptomonnaies

Même si la Chine est désormais le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre, et que sa politique environnementale est loin d'être irréprochable, elle semble de plus en plus prendre la mesure de la gravité du changement climatique. Beijing ne s'engage toujours pas pour l'heure à atteindre le zéro carbone en 2050, mais le pays a indiqué qu'il le visait à l'échéance 2060. Et la Chine prend de plus en plus de mesures en faveur de la transition climatique (développement des renouvelables, arrêt des investissements dans les centrales à charbon à l'étranger, etc.)

Tant qu'elles ne sont pas minées de manière moins énergivore, ou avec de l'électricité 100 % verte, les cryptomonnaies telles que le bitcoin ont un mauvais bilan carbone et détonnent, de ce fait, dans la politique plus verte que tente de mettre en place la Chine.

La dernière attaque de la Chine a peu affecté le bitcoin

À noter que l'impact des nouvelles restrictions de la Chine sur les cryptomonnaies a été modéré. Les restrictions chinoises de mai 2021 et la fermeture des fermes crypto en juin sur son sol avaient été un coup de tonnerre, car la Chine abritait alors entre 65 et 75 % des activités de minage mondial.

Le hashrate -- la quantité de calculs que l’ensemble des mineurs est capable de réaliser par seconde -- avait été quasiment divisé par deuxEt le cours du bitcoin avait dégringolé entre mi-avril et mi-juin, chutant de 53 000 euros sous la barre des 30 000 euros dans l'intervalle. Le cours du bitcoin a en revanche très peu varié le 24 septembre, après la dernière interdiction de la Chine. C'est le signe que les acteurs du secteur se sont fait à l'idée que les cryptomonnaies ne sont plus les bienvenues là-bas, et n'ont pas été autrement surpris de ces annonces.