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« Une journée sans Twitch » : pourquoi des streameurs font-ils grève ?

Des internautes qui utilisent Twitch pour diffuser des parties de jeux vidéo organisent une grève le 1er septembre. Objectif ? Soutenir les victimes qui subissent de la haine sur le site et demander à Twitch des efforts supplémentaires. L'initiative, appelée #ADayOffTwitch, invite les streameurs et les streameuses à éteindre leur webcam pendant une journée.

Vous aviez l'intention de suivre les péripéties de vos vidéastes fétiches sur Twitch, mais il s'avère qu'ils sont tous hors-ligne ce mercredi 1er septembre, alors que leur planning annonçait le contraire ? Peut-être est-ce parce qu'ils ont tous rejoint le mouvement #ADayOffTwitch, qui se déroule aujourd'hui. L'initiative, née aux États-Unis, mais qui se propage aussi en France, invite les streameurs et les streameuses à éteindre leur webcam pendant une journée.

Une grève pour pousser Twitch à réagir

Objectif de cette grève de Twitch ? Sensibiliser le public sur les dérives haineuses qui se développent sur la plateforme spécialisée dans la diffusion de parties de jeux vidéo en direct. Le service, filiale d'Amazon depuis 2014 pour un peu moins d'un milliard de dollars, est confronté, comme d'autres réseaux sociaux, à des cas de harcèlement, mais aussi de divulgation de données personnelles (« doxing »).

Autre but poursuivi par cette journée particulière de mobilisation : mettre Twitch face à ses responsabilités, en lui demandant de concevoir des outils plus avancés pour modérer ce qui se dit par exemple dans le tchat, mais aussi pour bloquer et signaler les spectateurs les plus préoccupants. Plusieurs propositions sont d'ailleurs formulées et une réunion avec des représentants de la plateforme est réclamée.

Parmi les pistes évoquées figurent la fixation d'un âge minimal pour accéder au tchat, la nécessité d'utiliser une méthode d'authentification forte pour chaque compte, le refus de joindre plus de trois comptes à un e-mail qui a été vérifié. Ces différentes pistes visent à compliquer la possibilité de faire n'importe quoi avec Twitch, en ajoutant des prérequis incontournables avant d'utiliser un compte.

Autre demande, la possibilité pour les modérateurs d'accepter ou de refuser  les « raids » entrants sur un stream. Cette fonctionnalité, qui vise au départ à débarquer en masse et de façon amicale sur un autre stream est en partie détournée de son but premier. En théorie, ces raids permettent par exemple, quand un streameur s'apprête à couper sa diffusion, d'envoyer sa communauté chez quelqu'un d'autre.

Des vidéastes se mobilisent en France

Sous nos latitudes, Xavier Dang, alias mistermv, a décidé d'y contribuer et de lui donner de la  visibilité. L'intéressé, qui est suivi par près de 700 000 personnes sur Twitch, informe sa communauté sur Twitter que « l'initiative consiste à ne pas utiliser le site, mais surtout faire avancer les outils de ban/modération pour empêcher [les raids haineux concernant les créatrices et créateurs marginalisés] ! ».

Yves Rougy, alias Yorzian, est aussi mobilisé : « Aujourd’hui, pas de Twitch pour moi. En soutien des streameurs victimes de harcèlement, de doxing. Pour demander à Twitch une meilleure prise en compte du problème. C’est autant pour les spectateurs que streameurs », écrit celui qui compte 2 600 fans sur la plateforme. « Ne rien faire serait comme de regarder quelqu'un se faire agresser sans rien dire.»

Comme l'explique la journaliste Lucie Ronfaut dans sa newsletter hebdomadaire pour Numerama, #Règle30, la plateforme de streaming se prononce régulièrement en faveur de plus de diversité au sein de ses créateurs et créatrices. Mais dans le même temps, elle est gangrenée par les raids violents, des groupes d'internautes qui se liguent pour harceler en direct des streameurs ou des streameuses, généralement en raison de leur genre ou de leur couleur de peau.

Yges Rougy abonde : « De nombreux petits streameurs de diverses communautés minoritaires ont été la cible de raids dont l'unique objectif était le harcèlement, la dévalorisation et le doxing. » Il cite dans son tweet les femmes, mais aussi les vidéastes queers et LGBT parmi les victimes régulières de ce genre d'agression virtuelle, mais aussi celles et ceux de différentes ethnies se faisant insulter en raison de leur couleur de peau. Les personnes ayant une autre orientation sexuelle que l'hétérosexualité sont aussi prises pour cible.

Le fait est que l'initiative, lancée relativement tardivement, n'est pas unanimement suivie. En cette date du 1er septembre, l'on peut constater sans peine que des vidéastes, français ou étrangers, sont actifs sur Twitch. Il ne s'agit pas nécessairement d'un désintérêt à l'égard des buts poursuivis par #ADayOffTwitch. Ces internautes ne sont peut-être pas au courant de son existence ou cela peut mettre en péril leur activité.

Une initiative basée sur le volontariat

C'est ce que suggère d'ailleurs mistermv, dans un message complémentaire« N'en voulez pas à celles et ceux qui avaient des plannings à tenir ». Certains vidéastes tentent de vivre de cette activité, en se professionnalisant, et il est très difficile d'y percer, surtout si l'on ne streame pas souvent et que l'on ne respecte pas le programme annoncé. Dans le cas de mistermv, son activité reprendra le 2 septembre.

Dans une publication sur TwitLonger, la vidéaste américaine RekItRaven, qui est derrière #ADayOffTwitch, reconnaît d'ailleurs le court préavis entre la communication sur cette grève et le jour J et la difficulté que cela engendre pour s'organiser. « Pour être parfaitement honnête, c'était précipité. [...] Ce n'était pas parfaitement planifié et je sais que j'y suis pour beaucoup.»

Il n'en demeure pas moins que, compte tenu du fait « que les raids haineux se sont rapidement transformés en incidents de doxing à grande échelle », écrit la streameuse, les enjeux qui portent ce mouvement demeurent considérables et nécessitent une réaction rapide. L'intéressée invite au passage à ne pas s'en prendre à celles et ceux qui n'inscrivent pas dans cette action, pour ne pas reproduire ce qui est justement reproché.

« Personne ne doit menacer de bannir, de frapper ou de renvoyer quiconque ne participe pas à #ADayOffTwitch. Ce n'est pas un mouvement obligatoire, mais un mouvement qui repose sur la solidarité. Il existe de nombreuses raisons personnelles ou professionnelles pour lesquelles on ne peut pas participer. Ce n'est pas à nous de décider du raisonnement de quelqu'un d'autre », écrit-elle.

Il faut rappeler qu'en France, le doxing, qui consiste à divulguer des données personnelles dans le but de nuire à un individu, est puni par la loi. C'est aussi le cas des menaces dites sur Internet, ainsi que le harcèlement, qu'il soit le fait d'une personne isolée ou de masse, que l'action soit concertée ou non. Il serait faux de croire que l'on peut être anonyme sur le net et passer sous les radars de la justice.